Les médecins généralistes en Angleterre, maillon essentiel du système public de santé britannique (NHS), ont entamé à partir de jeudi 1er août un mouvement social inédit depuis 60 ans pour protester contre le financement de leur activité qu'ils estiment insuffisant.
Ce mouvement pourrait encore plus affaiblir le NHS qui subit une crise inédite depuis sa création à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, plombé par des années d'austérité et les conséquences de la pandémie de Covid-19. Les médecins généralistes (appelés GP pour general practitioner) sont les derniers d'une longue liste de professions de santé à faire grève ou à se mobiliser pour protester contre leurs conditions de travail et réclamer des augmentations de salaires.
Une augmentation qui n’en est pas une
Lundi, le nouveau gouvernement travailliste, qui a fait du rétablissement du NHS une de ses priorités, avait trouvé un accord avec les junior doctors hospitaliers prévoyant d'importantes hausses de salaires après des mois de grèves. Les généralistes s'opposent au nouveau contrat, établi sous le précédent gouvernement conservateur, qui détermine notamment la rémunération de leurs actes et qui prévoit une hausse de 1,9 % de leur budget. Selon leur syndicat, la British medical association (BMA), cette hausse correspond « à une réduction des financements en termes réels », étant donné l'inflation, et elle menace de nombreux cabinets médicaux.
Si le contrat qui lie les médecins généralistes les empêche de faire grève, ceux qui souhaitent participer au mouvement pourront par exemple limiter le nombre de patients qu'ils voient par jour, ou à l'inverse cesser de restreindre ceux qu'ils orientent vers des spécialistes, ou encore arrêter de partager certaines données (non médicalement nécessaires) sur des registres du NHS.
Répercussion « à combustion lente »
Ce mouvement est « un acte de désespoir », a affirmé la co-présidente de la branche du BMA rassemblant les médecins généralistes d'Angleterre, Katie Bramall-Stainer. « Ce ne sera pas une action choc », mais elle aura une répercussion « à combustion lente » et pourrait durer des mois, a-t-elle ajouté.
Selon des médias britanniques, il s'agit du premier mouvement social des généralistes depuis 1964. Le ministre de la Santé, Wes Streeting, s'est dit prêt à bâtir un « nouveau partenariat » avec les généralistes, dans une lettre qui leur est adressée et postée sur X, ouvrant la porte à une renégociation de leur contrat.
Il a aussi rappelé que le gouvernement a déjà approuvé une hausse de 6 % des rémunérations des médecins et de leur personnel pour l'année en cours. Pour le Royal College of GPs, association professionnelle des médecins, le mouvement montre « la force du sentiment actuel dans la profession ».
Aucun GP ne veut restreindre les services qu'il fournit aux patients « mais la médecine générale a été négligée et elle connaît désormais de sérieuses difficultés », a insisté sa présidente Kamila Hawthorne. NHS Providers, l'organisme qui regroupe les centres hospitaliers, a prévenu que cette action aurait un effet « domino » sur tout le système de santé en redirigeant des patients vers les services d'urgences.
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