Un test court, standardisé et réalisable en quelques minutes au cabinet : voici la promesse de MemScreen, une application développée pour venir en aide aux généralistes dans la détection des troubles cognitifs légers et des premiers signes de la maladie d’Alzheimer.
Développée au centre de neurologie cognitive de l’hôpital Lariboisière (AP-HP), cette solution, lancée en 2023, se présente comme un test de première ligne simple et rapide (moins de 5 minutes), utilisable en consultation. Disponible gratuitement sur smartphone, tablette ou ordinateur, l’application fournit immédiatement un score interprétable par le praticien. « Nous ne prétendons pas poser un diagnostic étiologique. C’est plutôt une aide apportée aux généralistes, ça leur donne un signal d’alerte pour réfléchir à orienter leurs patients vers une consultation spécialisée s’il le faut », précise le Pr Julien Dumurgier, neurologue à l’origine du projet.
Principal avantage, le test s’intègre facilement dans une séquence de consultation de médecine générale, ce qui le rend utilisable en routine. « Concrètement, le médecin peut rédiger une ordonnance, faire un courrier d’adressage pour la consultation mémoire ou encore prescrire un IRM pendant que le patient passe le test », souligne le neurologue. Contrairement à d’autres tests comme le MMSE (mini-mental state examination, NDLR), plus chronophage, la solution MemScreen permet au médecin de poursuivre ses tâches, en évaluant son patient.
Avec environ 1,2 million de personnes touchées par la maladie d’Alzheimer en France, et près de 225 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année, l’enjeu du repérage est majeur. « La maladie d’Alzheimer reste diagnostiquée à un stade assez avancé en France car les signes avant-coureurs sont ignorés ou mal identifiés. Les patients n’arrivent en consultation mémoire qu’à un stade avancé de la maladie, ce qui limite les possibilités de prise en charge », insiste le Pr Dumurgier.
Avec l’autorisation récente du lécanémab en Europe – première immunothérapie ciblant l’amyloïde au stade précoce de la maladie –, la prise en charge des patients pourrait franchir un cap. « Nous attendons désormais la décision de l’ANSM, probablement pour un accès précoce dans un premier temps. Mais c’est vraiment le moment de se mobiliser car de nombreux patients pourraient en bénéficier », se réjouit le neurologue.
Déjà 10 000 tests réalisés
Une double étude de validation a confirmé la performance de la solution MemScreen dans la détection des troubles cognitifs. En Grande-Bretagne, une cohorte de plus de 2 000 personnes âgées ont passé le test dans le cadre d’une vaste étude sur le vieillissement. Résultat : MemScreen a mieux discriminé les troubles cognitifs précoces que le test classique (MMSE). En France, l’appli a été comparée à un test de mémoire utilisé en consultation spécialisée en cas de plainte cognitive. Là encore, l’outil a démontré sa grande sensibilité pour repérer les premiers signes de troubles cognitifs légers.
À ce jour, plus de 1 500 comptes ont été créés et plus de 10 000 tests réalisés. Pour son développement, l’application a bénéficié de financements de la Fondation Bettencourt et de la Fondation Alzheimer. « Un de nos objectifs serait évidemment que les médecins puissent coter la réalisation de tests cognitifs, cela pourrait les encourager à en faire davantage », imagine le neurologue. Déjà disponible en français et en anglais, l’application devrait prochainement être développée dans d’autres langues.
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