Même si le métavers est virtuel, ses impacts et conséquences, eux, sont bien réels. Autant d’interrogations que nous sommes amenés à nous poser afin de savoir si le métavers est bien l’avenir de la médecine ou juste une extravagance voire une illusion…
Qu’est-ce que le métavers ?
Le mot métavers – issu de la contraction du terme grec « Méta » (au-delà) et du terme anglais « Universe » (univers) – correspond à un monde virtuel et immersif connecté à Internet au sein duquel des personnes peuvent interagir entre elles par le biais de leur jumeau numérique / avatar, ou en manipulant des objets connectés qui intègrent des capteurs. On assiste alors à la naissance d’un espace virtuel collaboratif et interconnecté qui incorpore une série de nouvelles technologies telles que : la réalité virtuelle et augmentée, l’Intelligence Artificielle (IA), la Blockchain (via la crypto-monnaie), la 3D, les capteurs et objets numériques, les réseaux sociaux, les jeux vidéo, etc. C’est donc une nouvelle vision de l’interaction humaine fictive qui se développe sous nos yeux.
Quelles promesses dans le domaine de la santé ?
Les nouvelles technologies comme la réalité virtuelle et l’IA ont d’ores et déjà ouvert la voie à des améliorations et de nouvelles pratiques dans le domaine de la santé. Avec le développement du métavers médical, de nouveaux usages et comportements vont apparaître chez les acteurs du système de santé.
Dès lors, ce monde virtuel apparaît comme une opportunité permettant de relever de nombreux défis et situations dans le domaine de la santé. Les applications directes de la médecine risquent d’être sensiblement modifiées comme par exemple en chirurgie où les médecins pourront collaborer, partager et utiliser des outils et des connaissances non accessibles à tous. Les dossiers de santé électroniques dans le métavers deviendront probablement des documents interactifs voire vivants mis à jour à partir de capteurs intégrés dans les vêtements ou le mobilier, sur les Smartphones ou autres appareils mobiles. Le parcours patient va être fortement redessiné avec le métavers en ouvrant de nouvelles possibilités d’interactions spatio-temporelles.
Ce nouveau monde constituera notamment l’évolution des téléconsultations actuelles qui seront plus immersives et confidentielles. Les jeux de réalité virtuelle seront utilisés dans la médecine psychologique comme dans le cas de troubles neurologiques, d’une dépression, d’anxiété, de dépendance, de névrose, de trouble alimentaire, d’une phobie sociale ou de syndromes post-traumatique. L’hôpital virtuel risque de changer la manière de soigner pour les professionnels de santé, du fait que la distance entre les patients et les équipes médicales pourrait être réduite grâce à la 3D. Enfin, le métavers contribuera à optimiser et perfectionner la formation des étudiants et des praticiens via la réalité augmentée et virtuelle.
Quelles répercussions et garde-fous éthiques ?
En parallèle des opportunités et perspectives que révèle le métavers, on peut identifier plusieurs risques et enjeux éthiques associés comme : la mobilité réduite des personnes a pour conséquence un risque plus élevé d’obésité, de maladies cardiaques, et de troubles métaboliques ; la fracture digitale avec une nouvelle forme d’accès aux soins uniquement pour les groupes sociaux privilégiés et la marginalisation des individus de statut social et économique inférieur ; la vie privée et de la confidentialité des usagers de santé ; la gestion et l’usurpation de l’identité du patient et/ou du soignant ; le coût en matière de développement et d’achat des dispositifs utilisés ; les limites technologiques [1] dans l’écosystème de la santé ; la supervision et le contrôle humain du médecin ; la déshumanisation et la rupture des rapports sociaux ; la dépendance affective et l’addiction au jumeau numérique / avatar ; la gouvernance et la gestion des données ; l’autonomie et le libre-arbitre des patients.
En définitive, la multiplication des applications et des usages du métavers dans le domaine médical pourrait à moyen-long terme transformer en profondeur notre système de santé et éducatif. Toutefois, toutes ces promesses et perspectives disruptives ne doivent pas occulter les questions essentielles d’éthique auxquelles il faudra savoir répondre pour s’assurer que ce nouveau monde virtuel évolutif et immersif intègre bien l’esprit d’Hippocrate. Enfin, nous sommes en droit de nous demander si l’utilité et les usages du métavers médical ne limiteront pas les interactions physiques au profit d’un monde virtuel déshumanisant ?
(1) L’interopérabilité, les capacités gigantesques de calculs et de stockages, les infrastructures, etc.
Exergue : Cet univers virtuel va redessiner le parcours patient, ouvrant de nouvelles possibilités d’interactions spatio-temporelles
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