Période exceptionnelle, mesures exceptionnelles, y compris dans le domaine de la formation médicale continue.
Sur le fond d'abord : dans le contexte de pandémie, une cinquantaine d'associations habilitées par le Fonds d’assurance formation de la profession médicale (FAF-PM) ont réagi très promptement, en proposant aux médecins le même module « pathologies infectieuses émergentes/le coronavirus : conduites à tenir ». « Cette formation est prise en charge par notre fonds professionnel. En quinze jours, 200 médecins libéraux ont pu en bénéficier dans toute la France », souligne le Dr Charles-Henry Guez, président de l'organisme géré par les syndicats représentatifs de médecins libéraux.
Mais depuis le passage à la phase épidémique, le 15 mars, toutes les formations en présentiel sont interdites, au moins jusqu’au 15 avril 2020. Le FAF-PM a donc décidé de financer les formations connectées à distance, respectant le confinement.
Infos actualisées et bourse aux idées
Quatre organismes (FMC-Action, MG Form, Evolutis DPC et AFML) se sont unis pour rédiger un projet à distance et le déposer au FAF-PM. « L’objectif de cette classe virtuelle est de donner aux médecins les informations actualisées sur la pandémie et les bonnes conduites à tenir pour organiser la prise en charge des patients au cabinet. On ne peut pas proposer que de la téléconsultation », explique le Dr Jean-Claude Soulary. Le président de MG-Form Pays de la Loire ajoute que « ce type de formation très concret est aussi une bourse aux idées pour que les médecins échangent entre eux. Comment se sont-ils adaptés ? Ont-ils prévu des plages de consultations dédiées ? Comment organiser le suivi à domicile des malades avec les infirmiers ? ».
Une fois validé par le conseil scientifique du FAF-PM, ce module d’une heure et demi, prévu pour 15 médecins par session virtuelle, devrait être proposé gratuitement « dès cette semaine » aux médecins libéraux.
Les associations ne sont pas les seules à se mobiliser. Des sociétés de formation en e-learning ont innové rapidement pour former gratuitement les médecins sur le Covid-19. C’est le cas de la société MedTandem, site de partage de savoir faire entre praticiens, cofondé par le Dr Lucie Beylacq, médecin anesthésiste-réanimateur à Bordeaux. Les praticiens (généralistes, urgentistes, anesthésistes) peuvent accéder à deux vidéos consacrées à l’usage de l’échographie pulmonaire et à la reconnaissance des images pathologiques pour diagnostiquer précocement les formes graves. Deux visioconférences sont proposées lors de sessions de 45 mn chacune.
Pas de financement par l’ANDPC
Quant à l'agence nationale du DPC (ANDPC), elle finance à ce stade les seuls programmes répondant aux orientations nationales prioritaires et indemnise les médecins dans ce cadre. Ce qui n'est pas cas pour l'instant des formations non présentielles sur le Covid-19.
Interrogée par « Le Quotidien » en fin de semaine dernière, l’agence nationale du DPC confirmait qu'« aucune action relative à l’information des professionnels sur la gestion du coronavirus n’a été prise en charge. Cela a été clairement acté avec le ministère de la santé ». En outre, « la mise à disposition de la communauté des professionnels de santé de l’information disponible et relayée par le ministère de la santé sur le coronavirus, n’entre pas dans le périmètre du DPC ».
Pour le Syndicat des médecins libéraux (SML), cette position est « inacceptable ». « Les médecins n’ont pas deux heures pour lire les consignes compliquées du ministère. En pleine pandémie, il faut s’adapter. On peut quand même faire en sorte que cette formation sur le Covid-19 rentre dans les orientations prioritaires », tonne le Dr Philippe Vermesch, président du SML. MG France est sur la même ligne. « Les médecins ont un grand besoin d'actualiser leurs connaissances sur le coronavirus. Cela entre dans le cadre du DPC qui a pour objectif le maintien et l'actualisation des connaissances et des compétences », revendique le Dr Jacques Battistoni, président de MG France.
La balle est dans le camp du ministre de la Santé qui pourrait demander à l’Agence de passer un appel d'offres sur cette thématique.
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