À 54 ans, la Dr Delphine Leroux-Farrugia décide de quitter son statut de médecin libéral pour devenir médecin gériatre au Centre hospitalier de Romorantin-Lanthenay. Remplaçante pendant une dizaine d’années, puis collaboratrice, et enfin médecin installé depuis 12 ans dans la maison de santé de Chartres-sur-Cher, elle a décidé de se tourner vers une carrière hospitalière. Un choix difficile. Malgré plusieurs sollicitations, il lui aura fallu un an de réflexion avant de sauter le pas.
« Pendant mon internat j’avais été découragée par le milieu hospitalier. J’étais en situation de mal-être, et le quitter m’a soulagée. Voilà pourquoi j’avais choisi la voie du libéral » révèle-t-elle. D’abord médecin généraliste, sa file active de patients commence à vieillir, la praticienne se tourne alors vers un D.U. de gériatrie afin de les accompagner au mieux, puis poursuit par un diplôme de gérontologie et soins palliatifs. En parallèle, l’omnipraticienne met ses compétences au service de l’Ehpad de son secteur en tant que médecin coordinateur.
« Je m’étais toujours dit que je serais généraliste en milieu rural. Cela correspondait vraiment à ce que j’aimais faire »
Début 2023, le centre hospitalier de Romorantin lui propose d’y travailler en tant que médecin gériatre. « J’ai d’abord refusé le poste car je me sentais épanouie dans ma pratique. Je m’étais toujours dit que je serais généraliste en milieu rural. Cela correspondait vraiment à ce que j’aimais faire », explique la Dr Leroux-Farrugia. Mais le mouvement « Médecins pour demain », un collectif apparu en février 2023 qui milite pour la revalorisation de la consultation à 50 euros, et la minime revalorisation de la consultation après le règlement arbitral en 2023 la font réfléchir. « C’est la période où tout a basculé, se souvient-elle. Je me posais des questions car j’avais une patientèle de 2 000 personnes. Avec 30 patients par jour, je n’avais qu’un jour et demi de congé par semaine, et une grosse amplitude horaire, de 7 h 00 à 21 h 00. » Elle déplore des consultations de plus en plus longues, un travail de plus en plus difficile et un chiffre d’affaires en constante diminution.
Face à cette insatisfaction et pour des raisons personnelles, la Dr Delphine Leroux-Farrugia finit par accepter le poste au centre hospitalier en septembre 2024. La praticienne qui connaissait déjà toute l’équipe, a également retrouvé beaucoup de ses patients puisqu’elle est restée dans son bassin de population, et qu’elle suivait déjà beaucoup d’entre eux en tant que médecin traitant et médecin coordinateur d’Ehpad. À son nouveau poste, la Dr Leroux-Farrugia a constitué une équipe mobile de gériatrie, et intervient au sein de l’hôpital comme à l’extérieur dans les cas de perte d’autonomie. Cette façon d’exercer lui permet de garder une certaine liberté. « Je gère mon activité à ma guise, par certains aspects comme en libéral. Si mon poste avait été strictement hospitalier, je n’aurais pas accepté », indique-t-elle.
Une perte de salaire mais un gain de qualité de vie
Ce choix, Delphine Leroux-Farrugia ne le regrette pas, même si s’en est suivie une perte de salaire de l’ordre de 10 à 20 %. Elle y gagne en qualité de vie avec cinq jours de travail sur sept. Elle commence à 9 heures et termine vers 17 h 30 – 18 heures, l’hôpital ne lui demande pas en effet de participer à la permanence des soins. À cela s’ajoute 25 jours de congés payés, 19 de RTT et 15 de congés-formation…
Le seul véritable point noir au tableau concerne le manque de liberté, notamment en ce qui concerne les congés. Auparavant, quand la médecin avait besoin d’un après-midi, elle pouvait s’organiser du jour au lendemain. Aujourd’hui, il lui est, à certains moments, impossible de s’absenter plus de 15 jours. Mais la gériatre conclut avec humour que ce point noir est largement compensé par la tranquillité de ne devoir gérer ni la compatibilité, ni l’informatique qui ne fonctionne pas, ni les vacances de la secrétaire, ni la mise à jour des logiciels…
Elle se félicite également de pouvoir désormais accorder le temps nécessaire à chaque patient, et de le voir dans sa globalité : « ce qui est très valorisant », ajoute-t-elle. « Un temps apprécié également par les patients. Les médecins traitants n’ont malheureusement pas la possibilité de leur consacrer une heure, ils témoignent d’une réelle reconnaissance », conclut-elle.
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