Sollicité à de nombreuses reprises par les biologistes médicaux, l’Ordre a rendu son verdict. Mercredi 21 mai, l’institution a validé la possibilité de consultation et de prescription pour ces professionnels « dans toutes les situations où ils disposent des compétences pour y procéder ». En l’occurrence, dans les domaines spécialisés tels que l’antibiothérapie, l’hémostase, la PMA, la génétique ou encore les maladies rares.
« C’était surtout une demande de clarification de la part de la profession », résume le Dr Lionel Barrand, président du syndicat Les Biologistes médicaux (Les Biomed). « On a toujours été dans un flou entre ceux qui nous disaient qu’on avait le droit de prescrire et de consulter mais juste dans l’entourage et la famille et ceux qui nous disaient que ce n’était pas le cas ». Au moins, côté ordinal, les choses sont enfin claires, se réjouit le médecin biologiste qui avait saisi le Cnom sur ce sujet dès 2023. « C’est parfait, c’est ce qu’on attendait depuis longtemps. Nous sommes enfin reconnus à notre juste valeur », se réjouit aussi le Dr Jean-Claude Azoulay, président du Syndicat national des médecins biologistes (SNMB).
La balle dans le camp de la Cnam
Reste maintenant à convaincre l’Assurance-maladie. « Nicolas Revel, lorsqu’il était DG de la Cnam, nous avait dit qu’il était tout à fait possible pour un médecin biologiste de coter un acte dans le cadre d’une consultation de génétique ou de PMA par exemple », assure le Dr Barrand. Mais aujourd’hui, la nouvelle direction de la Cnam en semble moins persuadée, analyse le chef de file syndical. D’autant que son syndicat demande à pouvoir coter un C, soit l’équivalent d’une consultation de médecine générale. « La nomenclature qui nous concerne repose sur des forfaits pour des analyses, comme l’hémoglobine glyquée ou la numération formule sanguine (NFS), mais il n’y a pas de lettre-clé spécifique en cas de consultation », poursuit le président des Biomed. « C’est une méconnaissance de la part de certaines caisses primaires voire de la Cnam elle-même », renchérit le Dr Azoulay, qui en veut pour preuve que dans de nombreux territoires, les médecins biologistes effectuent déjà des consultations, par exemple dans le domaine de la PMA et cotent CS, comme les autres spécialistes.
Pas pour remplacer les généralistes dans les déserts
Avec cette prise de position de l’Ordre, l’heure est-elle venue de changer d’échelle ? Il n’y aurait aucun sens à ce que, sur 42 spécialités médicales, les médecins biologistes soient les seuls à ne pouvoir faire des consultations dans leur domaine d’expertise, estime encore le Dr Azoulay. Qui rappelle au passage que l’objectif, bien sûr, n’est pas de remplacer le médecin généraliste dans les déserts médicaux. Pour autant, dans certains cas particuliers, comme celui d’un accord CPTS protocolisé avec des acteurs de terrain, « on peut penser qu’il pourrait être pertinent que les médecins biologistes réalisent des consultations de prévention dans leur champ de compétence spécifique, comme le dépistage du cancer du col de l’utérus ou les infections sexuellement transmissibles », poursuit-il.
Et si cette idée s’appliquait non seulement aux 3 200 médecins biologistes, mais aussi aux 6 300 pharmaciens de cette spécialité ? « Les pharmaciens biologistes ont fait cinq années d’études en pharmacie, contre six années pour nous en médecine mais, ensuite, nous avons fait exactement le même internat pendant quatre ans », insiste le Dr Barrand qui, fort de cette expertise conjointe, pousse pour que l’ouverture à des consultations et au renouvellement de médicaments leur soit également accessible.
Faut-il anticiper une nouvelle source de conflit avec l’Assurance-maladie après le bras de fer de plusieurs mois qui a opposé le secteur à la Cnam sur fond de désaccords tarifaires ? Conclu in extremis à la fin de l’année 2024 et paraphé par trois syndicats de biologistes médicaux sur quatre*, l’accord assure, en substance, le gel des tarifs pour la profession jusqu’en décembre 2026.
Le Syndicat national des médecins biologistes (SNMB), le Syndicat des biologistes (SDBIO) et le Syndicat des laboratoires de biologie clinique (SLBC)
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