Dans un document statistique mis en ligne sur son site, le Centre national de gestion (CNG) livre une nouvelle photographie des 50 223 praticiens hospitaliers (PH) qui exercent en établissement public au 1er janvier 2025.
Ce rapport annuel confirme la forte progression de l’effectif des PH, qui a bondi de 16,9 % entre 2015 et 2025, enregistrant un taux de croissance annuel moyen de 1,6 %.
Toujours plus de femmes et plus de jeunes
La féminisation de la profession se confirme : les femmes représentent désormais 56 % du corps des médecins hospitaliers, soit huit points de plus qu’il y a dix ans. Cette tendance se constate y compris au sein des plateaux techniques : les hommes représentent encore 62,3 % des chirurgiens en 2025, mais ce pourcentage a chuté de 4,2 points en quatre ans. À l’inverse, le nombre de femmes radiologues baisse légèrement (48 %, -0,3 point en un an).
Le rajeunissement des effectifs médicaux hospitaliers se confirme également. Les PH sont âgés de 48,7 ans en moyenne, contre 49,7 ans en 2015. L’anesthésie-réanimation fait partie des disciplines les plus jeunes (47,9 ans en moyenne). À noter que 1 254 praticiens hospitaliers en exercice ont atteint ou dépassé l’âge limite de départ à la retraite (67 ans avec prolongation possible d’activité jusqu’à 70 ans). Ce sont à 70 % des hommes.
La chir’ ortho aux hommes, le premier recours aux femmes
Environ trois quarts des PH se répartissent entre la médecine (62 %) et la chirurgie (12 %) – devant la psychiatrie, la pharmacie, la biologie et la radiologie/imagerie – avec parfois des écarts significatifs selon le sexe (graphiques ci-dessous).

Dans les disciplines chirurgicales, la gynécologie-obstétrique (1 695 PH dont deux tiers de femmes), la chirurgie orthopédique et traumatologique (967 PH dont 90 % d’hommes !) et la chirurgie viscérale et digestive (685 PH dont trois quarts d’hommes) constituent toujours les plus gros bataillons.
En médecine, quatre spécialités se partagent le gros des effectifs : la médecine d’urgence (5 537 PH), l’anesthésie-réanimation (4 102 PH), la médecine générale (4 072 PH) et la pédiatrie (3 136 PH), avec une forte majorité de femmes dans ces deux dernières.
Un PH sur trois en CHU, les Hauts-de-France et la Bretagne bien pourvues
Avec un taux de 36,4 % au 1er janvier 2025 contre 35,8 % un an plus tôt, la part des PH exerçant en CHU/CHR poursuit sa progression. L’exercice en CHU concerne en particulier plus de la moitié des anesthésistes et des biologistes. Hors CHU, psychiatres et pharmaciens sont les deux disciplines les plus représentées parmi les PH.
Si le CNG ne se risque plus à donner officiellement le taux de vacance des PH depuis 2021, un indicateur sensible, on peut appréhender la pénurie de PH à l’aune d’une cartographie de la densité par région et par discipline. Selon cet indicateur de densité, les Hauts-de-France et la Bretagne semblent mieux lotis quand les Pays de la Loire ou le Centre-Val de Loire peinent davantage à remplir leurs hôpitaux. Mais il faut également considérer qu’une faible densité de PH ne rime pas forcément avec pénurie médicale sur un bassin de population si l’on prend en compte le poids de l’offre hospitalière privée (cliniques, Espic) dans les territoires, voire des praticiens contractuels dans les hôpitaux publics – que le CNG ne comptabilise pas.

Salaire : quatre PH sur dix dans le dernier tiers de la grille
Le salaire des PH est gradué depuis l’échelon dit sans avancement (les lauréats du concours) au 13e échelon en fin de carrière. Quatre PH sur dix sont situés entre le 9e échelon (7 548 euros brut) et le 13e échelon (9 370 euros).
Traduction de la féminisation qui s’accélère, la part des femmes médecins hospitaliers s’élève à 51 % du 1er au 6e échelon contre seulement 39,6 % des hommes. Stable, l’ancienneté moyenne dans le corps des PH s’établit à 11,6 ans.
Départs : les disponibilités en forte hausse sur dix ans
Depuis 2015, le nombre de détachements a légèrement progressé de 1,2 %. En dix ans, leur nombre est passé de 1 032 à 1 044 PH. Administration, établissement, collectivité territoriale, ONG : les lieux de détachement sont variés, mais les Espic (privé non lucratif) sont privilégiés par près d’un PH sur deux.
S’agissant des PH en disponibilité, leur nombre a bondi sur la décennie, passant de 2 372 en 2015 à 5 658 en 2025, soit une augmentation de 138,5 % en 10 ans ; 90 % de ces requêtes sont faites pour convenances personnelles. Suivent, de loin, les demandes pour élever un enfant ou suivre le conjoint. Les médecins du travail, les psychiatres, les chirurgiens plasticiens et les ophtalmologues sont les plus demandeurs.
Au global, le solde net des emplois (entrées et sorties) est positif depuis 2014, ce qui assure « le renouvellement régulier et l’accroissement du corps des PH », salue le CNG. « Quelle que soit l’année, les entrées sont toujours bien supérieures aux sorties de praticiens, ajoute l’organisme. Avec 2 344 effectifs, ce solde est le plus élevé en 2023. »
À noter que les démissions constituent le deuxième motif de sortie définitive du corps des PH (après la retraite) : 21,9 % d’entre elles concernent les chirurgiens, 14,9 % les psychiatres et 8,6 % les anesthésistes-réanimateurs. À titre d’exemple, sur les 1 651 sorties en 2024, le CNG enregistre 1 165 départs en retraite, 302 démissions, 140 radiations (inaptitude, abandon de poste, après disponibilité, à la suite d’une nomination HU), 39 décès, quatre licenciements (deux en psychiatrie, un en médecine et un en anesthésie-réanimation) et une révocation en médecine.
L’Académie de médecine veut assouplir les accès directs à certains spécialistes pour réduire les délais
Les maillages départementaux, échelons intermédiaires indispensables de l’attractivité médicale
L’obligation de solidarité territoriale pour les médecins effective « dès septembre », confirme Yannick Neuder
« Les syndicats sont nostalgiques de la médecine de papa », tacle Dominique Voynet, seule médecin ayant voté la loi Garot