Le Pr Stéphane Oustric, généraliste de 58 ans, élu président de l’Ordre des médecins

Fin du suspense : ce 25 juin, le Pr Stéphane Oustric, 58 ans, a été élu pour trois ans par les 60 conseillers nationaux à la présidence de l’Ordre des médecins pour succéder au Dr François Arnault. Un généraliste remplace ainsi un ORL aux manettes du Cnom. Le nouveau bureau est également constitué (lire encadré au bas de l’article).

Ce professeur de médecine générale a plusieurs atouts : il connaît parfaitement les arcanes ordinaux, tout en étant ancré dans la réalité du terrain. Exerçant depuis 31 ans à Toulouse au sein d'une maison de santé universitaire et d’une CPTS, le praticien a été élu conseiller ordinal en 1998 puis président de l’Ordre de Haute-Garonne pendant sept ans (et le conseil régional pendant deux ans). Il est seulement le deuxième généraliste dans l’histoire à présider l’Ordre des médecins, après le Dr Patrick Bouet (qui avait fait neuf ans de mandat).

Un expert du numérique et de l’IA

Au sein du conseil national, le Pr Oustric était délégué aux données de santé et au numérique. Au Quotidien, il expliquait en début d’année les enjeux du think tank sur l’intelligence artificielle (IA) lancé par l’institution ordinale. L’Ordre « souhaite éviter que les professionnels de santé ne soient réticents à utiliser ces outils par méconnaissance ou par crainte des implications légales, analysait-il aussi dans le dernier rapport annuel de l’institution (2024). Nous avons donc mené un important travail pour clarifier les définitions, expliquer les mécanismes d’apprentissage automatique et les modèles d’IA utilisés en santé. »

Décrit « à la fois pragmatique et réformateur » par plusieurs conseillers interrogés par Le Quotidien, ce généraliste expérimenté pourrait apporter à l’Ordre une « crédibilité renforcée » dans les débats difficiles avec le ministère pour faire avancer des dossiers sensibles comme la réforme de la 4^e année d’internat de médecine générale et la prise en compte de l’IA dans l’exercice. Il pourrait aussi mieux repositionner le Cnom dans certains débats socio-professionnels, à côté des syndicats, des URPS ou de l’Académie de médecine.

Toujours dans le dernier rapport d’activité de l’Ordre (2024), le Pr Oustric se réjouissait d’avoir franchi un « cap décisif dans la modernisation et la professionnalisation de la communication » du Cnom. « Notre objectif est clair, précisait-il. Rendre nos supports plus accessibles, plus réactifs et mieux adaptés aux besoins des médecins. Grâce à ces évolutions, nous avons renforcé la visibilité et la réactivité de l’Ordre, en démontrant que notre institution est moderne, proactive et en phase avec les enjeux actuels liés au monde de la santé.  »

Accès aux soins et réforme du code au menu

Le nouveau président aura du pain sur la planche avec la suite du parcours parlementaire des propositions de loi sur l’accès aux soins (Garot et Mouiller) qui hérissent la profession médicale.

Sans compter d’autres chantiers comme la modification du code de déontologie médicale pour 65 articles (exercice en lieux multiples, plasticité dans les carrières, passerelles entre spécialités proches…), l’accélération de la réforme de son fonctionnement et de sa gouvernance interne, fréquemment critiqués par les médecins. La profession attend que leur Ordre joue un rôle plus concret sur les conditions de travail, qu’il facilite l’accès aux dispositifs d’aide et qu’il rééquilibre la balance entre soins et bureaucratie.

Tolérance zéro contre les violences

En début de soirée, l’Ordre des médecins a précisé les trois axes programmatiques qui seraient portés sous le mandat qui commence : « anticiper la place du médecin dans un système de santé actuel et à venir, soumis à rude épreuve », en rappelant l’attachement de l’Ordre à l’accès aux soins et au parcours de soins coordonné ; poursuivre la mobilisation pour une « tolérance zéro vis-à-vis de toutes les violences », que ce soit contre les médecins mais surtout celles commises par les médecins, avec une démarche coconstruite avec des associations de victimes et de patients; enfin « optimiser la modernisation de l’institution ordinale » engagée depuis trois ans en privilégiant la proximité avec les médecins dans chacun des territoires par l’action des conseils départementaux et régionaux.

L’UFML-Syndicat a félicité ce mercredi le Pr Oustric pour son élection aux manettes de l’Ordre, jugeant qu’il avait toujours placé « la médecine et les médecins au centre de ses priorités ». « Pendant la période Covid, se souvient le syndicat, il a tout mis en œuvre pour armer et protéger les médecins afin qu’ils puissent soigner les patients et lutter contre cette maladie, a multiplié les centres de vaccinations en Haute Garonne et s’est opposé avec force au mouvement complotiste et antivax en protégeant la médecine et les médecins. »