Le formulaire à remplir par les médecins pour justifier les prescriptions des analogues du GLP-1 est-il appelé à disparaître ? Lors de la dernière commission paritaire nationale (CPN) du 10 septembre, l’Assurance-maladie a en tout cas tenu à calmer le jeu sur ce sujet épidermique.
Dans le diaporama transmis aux syndicats, consulté par Le Quotidien, la Cnam a précisé que le dispositif d’accompagnement à la prescription mis en place pour les aGLP-1 (sémaglutide, Ozempic ; dulaglutide, Trulicity ; liraglutide, Victoza ; exenatide, Byetta) est une mesure « transitoire ». « Le pilotage actuel n’a pas à être pérenne sur cette classe. Il s’agit d’un accompagnement temporaire », peut-on lire.
Introduit en février 2025, avec une période de tolérance jusqu’au 1er septembre, ce formulaire disponible sur amelipro devait accompagner chaque prescription (au moyen de quelques questions simples) pour attester notamment que l’indication thérapeutique remboursable (ITR) concernait bien le diabète de type 2, seule situation ouvrant droit à un remboursement. Objectif : éviter les usages hors cadre, notamment pour des prescriptions liées à la perte de poids. La Cnam a constaté sur cette classe de produits beaucoup de prise en charge (un tiers) hors des indications remboursables alors que des tensions d’approvisionnement existent.
Charge administrative
Ce formulaire à remettre au patient avait cristallisé le mécontentement des syndicats de médecins libéraux. Jugée « chronophage » voire « lunaire », la mesure a été boycottée notamment par certains syndicats. Aux universités de la CSMF à Avignon, la charge administrative supplémentaire a encore été dénoncée par certains médecins. « La Caisse a déjà toutes les informations qui sont réclamées sur le formulaire, s’est agacée la Dr Anne-Marie Ladeveze-Cayla, généraliste à La Montagne (Loire-Atlantique). C’est du temps médical perdu ».
Interrogé par Le Quotidien, le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF précise que son syndicat n’est pas opposé à des mesures de pertinence des soins, « mais pas au prix d’alourdir encore les tâches administratives des praticiens », résume le généraliste mayennais.
De son côté, la Cnam rappelle, pour les aGLP-1, que le remplissage concerne en moyenne seulement 11 patients par généraliste et trois initiations par an, avec « un seul justificatif pour toute la durée du traitement ». Des évolutions du téléservice sont en cours. Reste qu’en qualifiant la mesure de « transitoire », la Cnam a ouvert de facto la voie à sa suppression. Pour la CSMF, l’Assurance-maladie a reconnu « l’inutilité du formulaire aGLP-1 ». « Continuons le boycott, tranche le syndicat. Cette obligation va disparaître très prochainement. »
Si un dispositif similaire de formulaires ITR devait être réactivé, la Cnam a précisé aux syndicats qu’il ne concernerait que des produits ou actes présentant des risques très spécifiques et un coût élevé (examens de biologie, imagerie, transports sanitaires), après évaluation « de l’impact sur la charge administrative des professionnels ».
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