Que pensent les médecins, kinés et infirmiers libéraux de leurs conditions d’exercice en milieu rural ? Et surtout comment y combattre la pénurie médicale ?
Pour y voir plus clair, la MACSF a conduit une enquête du 20 au 27 mai 2025 auprès de 1 590 professionnels de santé libéraux – dont 923 médecins généralistes et spécialistes installés en zones rurales. Leur constat est sans appel. Travailler en milieu rural, c’est d’abord très souvent exercer dans un désert médical avec les contraintes associées (77 % des répondants dont 57 % qui y sont installés depuis plus de dix ans).
Parmi les principales difficultés rencontrées dans les zones en tension, la surcharge de travail, le manque de ressources humaines (autres spécialités et professions), le casse-tête pour trouver des remplaçants, l’isolement ou encore la lourdeur administrative. « Les démarches m’ont pris six mois avant que je puisse exercer », témoigne un jeune praticien.

Retards de diagnostics, reports de soins, allongement des délais d’attente et surcharge des hôpitaux sont devenus monnaie courante. 80 % des médecins interrogés affirment avoir été confrontés à l’une de ces situations, un chiffre qui monte à 93 % chez les kinés.
Dans ce contexte, certains professionnels rapportent une montée des tensions avec les patients, des situations pouvant aller jusqu’à des violences verbales ou physiques, ou du harcèlement.
Non aux vacations obligatoires et au service civique
Autre enseignement : les répondants rejettent massivement les mesures coercitives, et même d’encadrement plus souple, imaginées dans les diverses propositions de loi en discussion. Ainsi, 81 % des professionnels interrogés estiment que l’obligation d’exercer deux jours par mois dans une zone très sous-dotée, sous peine de sanctions financières, inscrite dans la proposition de loi Mouiller, ne permettrait pas d’améliorer l’accès aux soins en zone rurale. Une large majorité (63 %) désapprouve l’idée d’imposer l’installation de jeunes diplômés dans les zones fragiles ou la création d’un « service civique médical pendant un temps limité » (60 %).
Du côté des étudiants en santé, le rejet est encore plus massif face aux mesures les ciblant : 93 % d’entre eux récusent toute contrainte à l’installation (proposition de loi de Guillaume Garot) alors que les trois quarts n’excluent pas, pourtant, de s’installer en zone sous-dotée.
Ouverts… mais pas à tout
En revanche, les soignants libéraux consultés se montrent ouverts aux dispositifs incitatifs, notamment financiers (subventions, bourses, avantages) pour favoriser l’installation (53 %), même si les 24-45 ans assurent que cela n’est pas leur motivation principale pour venir exercer en ruralité.
La création d’une filière universitaire de proximité dans les territoires en mal de soignants est une piste forte soutenue par deux tiers des répondants (dont 39 % « tout à fait favorables »), de quoi apporter de l’eau au moulin de l’exécutif qui souhaite territorialiser davantage la formation initiale. Le déploiement de bus médicaux et paramédicaux itinérants et le renforcement des équipes par des assistants médicaux recueillent également l’approbation majoritaire, notamment des 24-45 ans.
« Cette enquête montre que les professionnels installés dans les zones rurales sont ouverts à un éventail de solutions, dès lors qu’elles respectent leur liberté d’exercice et qu’elles ne sont pas sous-tendues par la contrainte », résume Ségolène de Dianous, directrice de l’engagement sociétaire du groupe MACSF.
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