« Lors de ma dernière garde, le 10 novembre, j'ai été agressée verbalement en entrant dans l'hôpital. Je prends mes gardes la boule au ventre. Ce que nous voulons, c'est que les violences cessent », témoigne, émue, la Dr Julia Fidry. La présidente de la maison médicale de garde (MMG) de Bagnols-sur-Cèze (Gard) confirme au Quotidien que la structure, ouverte depuis juillet 2022, est fermée depuis le 11 novembre et ce jusqu'à nouvel ordre.
Le lendemain de son agression, un de ses confrères a lui aussi été victime de violence. Dans la foulée, les 30 praticiens de la MMG qui assurent les gardes le soir à partir de 20 heures jusqu'à 24 heures ont décidé de ne plus reprendre le travail « tant qu'un vigile n'est pas présent dans la salle d'attente pour prévenir et intervenir quand il y a une agression ou une bagarre ». Même si la MMG se situe dans l'enceinte du centre hospitalier, « les agents de sécurité font leur ronde pour tout l'hôpital. Mais ils ne sont pas spécifiquement dans nos locaux », a expliqué la Dr Fidry.
Escalade
Cette présence serait indispensable car depuis plusieurs semaines, les agressions verbales et les menaces de mort se sont multipliées au sein de la MMG. « Les patients se disputent pour l'ordre de passage, les formalités administratives et parfois pour rien... Nous avons toléré beaucoup de choses, mais aujourd'hui, nous avons peur ! », insiste la Dr Fidry. L'embauche d'un agent de sécurité coûterait entre 50 000 et 60 000 euros par an, charges comprises. Une somme que les médecins refusent d'avancer. « Nous sommes volontaires et nous nous serrons les coudes pour venir à Bagnols afin d'assurer l'accès aux soins. Mais là, ce n'est plus possible ! », ajoute la généraliste.
Les médecins de la MMG avaient sollicité la mairie et l'ARS Occitanie. « C'est un sujet que l'on ne prend pas à la légère, mais nous ne pouvons pas mettre un vigile dans chaque maison médicale de garde », a répondu le directeur de l'ARS gardoise à France Bleu. Pour l'heure, « l'offre de soins ambulatoire est désertique à Bagnols-sur-Cèze et les patients sont livrés à eux-mêmes. Nous sommes le dernier rempart contre la précarité », martèle la Dr Fidry, qui attend une réponse des pouvoirs publics pour débloquer la situation.
En septembre dernier, un plan gouvernemental a été décliné pour la sécurité des soignants dont plusieurs mesures ont concerné les soignants libéraux comme la création d'un « délit d'outrage » spécifique ou encore le financement de dispositifs d'alerte (bouton d'alarme connecté sur un bracelet par exemple).
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