Réduire l’empreinte carbone en optimisant les dépenses de santé, tel est le credo d’Olivier Toma, fondateur de l’agence Primum non nocere, spécialisée dans l’accompagnement opérationnel RSE, la formation et la sensibilisation dans les domaines du développement durable et de la santé environnementale. À l’occasion du congrès SantExpo, qui s’est tenu du 20 au 22 mai à Paris, cet ancien directeur d’hôpital, expert en transition écologique depuis plus de vingt ans, a lancé le forum THQSE, du nom du label « très haute qualité sanitaire, sociale et environnementale », qu’il a créé justement pour valoriser l’engagement des établissements hospitaliers – mais pas seulement – à verdir leurs activités. Audit énergie, bilan carbone, diagnostics déchets, achats, réduction des gaspillages… « On accompagne aujourd’hui 1 400 organisations de santé dans le pays et 100 premiers établissements sont déjà labellisés. Ce sont des hôpitaux et des cliniques mais aussi des Ehpad et des centrales d’achats », s’enthousiasme-t-il.
Pour Olivier Toma, cette démarche volontaire et progressive permet aussi aux établissements sanitaires et médico-sociaux « d’optimiser leurs dépenses de santé », de « renforcer leur attractivité et de fidéliser le personnel » grâce au développement de compétences spécifiques. « C’est primordial quand on sait, par exemple, qu’une infirmière n’exerce que quatre ans après ses études avant de jeter l’éponge, affirme-t-il. Et en matière d’activité, les patients sont aujourd’hui beaucoup plus enclins à choisir des hôpitaux qui ne polluent pas. »
Écoconception des parcours de soins
La démarche THQSE, qui prépare l’hôpital vert de demain, peut sembler simple sur le papier. Mais convaincre les directeurs des établissements, parfois désarmés pour appliquer concrètement un management global de la RSE et de la santé environnementale à tous les étages, s’avère compliqué. « Vous ne pourrez pas – ou difficilement – imposer à un dirigeant une démarche RSE s’il n’en a pas la culture !, analyse Olivier Toma. Et le souci, c’est que les managers des hôpitaux publics comme privés n’ont pas été formés à la transition écologique. C’est pareil chez les soignants, une sage-femme ou un gynécologue n’est pas formé à l’écoconception des soins. » C’est pourquoi il invite les acteurs du système de santé à penser leur démarche RSE de manière transversale plutôt que chacun dans son coin. L’agence édite déjà, chaque année, un « carnet des tendances RSE » qui mesure les pratiques réelles et partage les innovations. Il s’agit d’une photographie vivante de « ce qui se fait, ce qui marche, et ce qui mérite d’être amplifié », défend Primum non nocere.
En un an, notre groupe hospitalier a réduit sa facture d’électricité de 230 000 euros
Mylène Ezavin, directrice du GH de la Riviera française
De fait, la transformation durable exige une culture commune. « Ce qui est dommage, c’est que l’État prend parfois ses décisions à partir de données faussées, explique Olivier Toma. On dit que le médicament et le dispositif médical représentent 50 % de l’empreinte carbone du système de santé. Mais il ne faut pas calculer le bilan carbone des seuls hôpitaux, il faut estimer celui du parcours de soin des patients. Prenons l’exemple d’une femme enceinte. Son empreinte carbone ne se limite pas à l’accouchement à l’hôpital. Il faut compter ses déplacements pour le monitoring, les rendez-vous chez le gynécologue, la sage-femme, les séances de préparation à l’accouchement, etc. » Olivier Toma cite l’hôpital privé nord parisien de Sarcelles (Val-d’Oise), qui a déployé le transport partagé pour ses patients en dialyse. Depuis fin 2022, cet établissement est ainsi labellisé THQSE Or.
Réduction de la facture… et des tensions sociales
Directrice du GH de la Riviera française, Mylène Ezavin entend également renouveler son label THQSE Or, que le centre hospitalier La Palmosa de Menton a obtenu en 2022. Une dynamique vertueuse aussi sur le plan financier. « Je préfère parler de création de valeur plutôt que d’économies, souligne la directrice d’hôpital. Le principal atout de cette démarche, c’est qu’on a zéro poste vacant infirmier et qu’on a créé des activités qui n’existaient pas sur le territoire, comme la gynécologie obstétrique, l’ORL et la psychiatrie. En deux ans, on a recruté 50 professionnels sur des spécialités en tension. » Rien d’étonnant pour Olivier Toma : « Tous les professionnels de santé issus des jeunes générations sont désireux de réduire leur impact environnemental dans le cadre de leur exercice médical », avance-t-il. La démarche THQSE a même été doublement efficace. En verdissant ses pratiques, le groupe hospitalier est parvenu à baisser significativement ses coûts énergétiques. « On a réduit la facture d’électricité de 230 000 euros entre 2021 et 2022 et on a diminué la production de CO2 par agent », vante Mylène Ezavin. Autre fait notable, les tensions sociales se sont apaisées, avec une baisse du taux de grévistes sur cette période.
Fin 2024, le CH La Palmosa a été distingué par l’opération « H’ment fiers » (portée par l’ARS Paca) pour avoir mis en place le recyclage du gadolinium, présent dans les produits de contraste injectés. « Selon le dosage prescrit aux patients, il reste toujours un peu de ce produit dans la seringue qu’on jetait autrefois parmi les déchets traditionnels. Le problème, c’est qu’il s’agit d’un produit difficile à éliminer dans la nature », expose Mylène Ezavin. Le projet MeGadoRe (Medical Gadolinium Recycling) consiste à extraire le surplus de gadolinium, envoyé dans un centre de recyclage à Brest puis réutilisé dans l’industrie.
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