Yannick Neuder ouvert au déremboursement de médicaments pris en charge à 15 %

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Publié le 03/06/2025
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Invité par LCP lundi 2 juin, le ministre de la Santé et de l’Accès aux soins s’est montré ouvert au déremboursement de certains médicaments « de confort », actuellement pris en charge par l’Assurance-maladie à 15 %.

Crédit photo : Jacques Witt/SIPA

Renflouer les comptes de la Sécu passera-t-il par le déremboursement de médicaments ? Invité de la chaîne parlementaire LCP lundi 2 juin 2025, le ministre de la Santé Yannick Neuder a été questionné sur les hypothèses mises sur la table pour enrayer la dérive budgétaire alors que le déficit de la Sécu pourrait frôler les 25 milliards d’euros en 2029, fait craindre le dernier rapport de la commission des comptes de la Sécurité sociale. Interrogé sur un éventuel déremboursement de certains médicaments, le cardiologue a d’abord voulu « rassurer la population », considérant qu’il est « hors de question de dérembourser des médicaments qui sont fondamentaux », qui font l’objet, en principe, des taux de prise en charge les plus élevés.

En revanche, Yannick Neuder n’exclut pas de réduire la voilure sur d’autres médicaments « jugés de confort » qui sont actuellement remboursés par la Sécu à hauteur de 15 %. « Il faut se poser la question », a-t-il affirmé, considérant que s’ils sont aussi peu pris en charge, c’est « parce que leur niveau d’efficacité et d’amélioration du service médical rendu n’est pas optimal ». Cette piste d’économie est qui plus est étudiée de près par le Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance-maladie (Hcaam), qui a été saisi par le Premier ministre en mars, au même titre que le Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) et le Haut conseil de financement de la protection sociale (HCFiPS), pour formuler des recommandations en vue de redresser les comptes de la Sécu. « Moi je préfère rembourser les médicaments pour lesquels il y a un service médical rendu maximal pour le patient », tranche en tout cas Yannick Neuder.

Les médicaments sont classés en plusieurs catégories en fonction notamment de leur service médical rendu (SMR). Ils sont remboursés en conséquence : médicament irremplaçable et coûteux à 100 %, SMR majeur ou important à 65 %, SMR modéré à 30 % et SMR faible à 15 %.

S’agissant des patients en affection longue durée (ALD), le ministre est là aussi ouvert à une réflexion. S’il n’est pas question de « supprimer le remboursement de l’insuline d’un diabétique », Yannick Neuder pointe néanmoins une « grande tendance à mettre tous les médicaments dans la première zone à 100 % (sur les ordonnances bizones, NDLR), même quand le médicament n’est pas en lien avec la pathologie initiale ». En clair, un tri est sans doute nécessaire.

De même, le cardiologue n’est pas fermé à réévaluer la pertinence du statut ALD accordé aux patients. « Il y a différents types d’affections longue durée : il y a les pathologies cardiovasculaires, il y a les pathologies cancérologiques, il y a les pathologies de santé mentale. Est-ce que c’est un gros mot de dire qu’à un certain moment, il faudra réévaluer l’affection longue durée ?, s’interroge-t-il. Quand, par exemple, un patient est considéré en rémission complète et que lui-même, souhaite un droit à l’oubli quand il souhaite faire des prêts, notamment bancaires, cela paraît logique à ce moment-là qu’il y ait une suspension de l’affection longue durée qui sera reprise si jamais il y a une récidive. »


Source : lequotidiendumedecin.fr