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Dossier

Congrès de l’ERS 2010

La tuberculose rentre en résistance

Publié le 08/10/2010

Les autorités sanitaires européennes et internationales lancent l'alerte sur l'émergence de souches de tuberculose multirésistantes.

La tuberculose revient sur le devant de la scène, avec ses 9,4 millions de cas (2 millions de décès par an), et l'inquiétude liée au développement de souches résistant à au moins deux des molécules les plus efficaces, l'isoniazide et la rifampicine. Ces souches représenteraient au moins 25 % des nouveaux cas. Or ces tuberculoses doivent être traitées plus longtemps - plus d'un an - avec des molécules moins efficaces que l'isoniazide et la rifampicine et avec plus d'effets secondaires, le taux de réussite du traitement ne dépassant pas les 31 %.

Co-infection tuberculose-VIH

Autre problème : la co-infection tuberculose/VIH est de plus en plus fréquente (12 % des cas de tuberculose). Or on constate une forte corrélation entre cette co-infection et les souches de tuberculose multirésistantes. « On ne sait pas encore clairement si le VIH constitue un facteur de risque pour la tuberculose multi-résistante, mais il est certain que le VIH doit être systématiquement recherché devant toute tuberculose, souligne le Pr Haileyesus Getahun (Suisse). L'instauration d'un traitement du VIH limite la survenue de la tuberculose et réduit sa mortalité lorsqu'il est instauré précocement après le début du traitement de la tuberculose. »

La menace est d'autant plus sérieuse que se profilent des souches encore plus redoutables, résistant aussi aux quinolones et aux traitements injectables type amikacine, kanamycine, and capreomycine. Déjà 58 pays sont concernés. Ces souches multiplient la mortalité par 5,5 par rapport aux souches multi résistantes. Elles provoquent le décès dans 50 % des cas. De nouvelles molécules sont en cours d'études, mais elles ne seront pas disponibles avant un certain temps et ne seront prescrites qu'en association avec d'autres molécules.

"Pour ces patients, on risque de devoir recourir aux traitements utilisés avant l'apparition des antibiotiques, déplore le Pr Giovanni Battista Migliori (Italie). Et si on veut éviter la contamination de l'entourage et du personnel de santé, nous aurons peut-être à revenir à l'époque des sanatoriums."