Considérée comme un véritable marathon, la sixième année de médecine s'étale entre les épreuves dématérialisées nationales (EDN) en octobre et les examens cliniques objectifs structurés (ECOS) en mai.
Cette année charnière, qui conditionne l’accès à l’internat, laisse très peu de répit aux carabins. Révisions tardives à la bibliothèque, examens blancs à répétition, repas pris sur le pouce pour ne pas perdre une minute sur le programme… Les sacrifices sont nombreux. Pour beaucoup d’étudiants, concilier vie amoureuse et préparation au concours relève du casse-tête. Pendant cette période, beaucoup relayent cette partie de leur vie au second plan, en attendant un peu plus de sérénité.
Pas de « contraintes » supplémentaires
Externe à Tours pendant sa préparation en 2023, Floriane — aujourd’hui interne en médecine générale — n’hésite pas à le dire : être célibataire à ce moment-là a été une bénédiction. « Honnêtement, heureusement que je n’étais pas en couple ! Je passais mes journées à la BU, du matin au soir, et mon seul moment de répit, c’était à 22 heures, devant une série ou un film. Gérer une relation, avec les tracas du quotidien que ça implique, ça aurait été infaisable », raconte l’étudiante, croisée en février à Lille à l’occasion du congrès de l’Isnar-IMG.
Son amie Mathilde, passée à Amiens pour ses premières années de médecine, partage ce sentiment. Elle non plus ne voulait pas se rajouter de « contraintes » pendant son année de concours. « Pour l’avoir vécu les premières années, je sais que ça aurait été très compliqué. J’étais en couple avec quelqu’un qui n’était pas en médecine, et ça n’a pas tenu à cause des études. C’était trop difficile de trouver du temps et de s’impliquer pleinement dans la relation », confie-t-elle.
Être en couple, une perte de temps, vraiment ?
Pour Gabrielle, au contraire, la solitude ressentie pendant cette année s’est avérée plus pesante que rassurante. « Je me souviens en D4 (6e année, NDLR), je me sentais très seule, alors je traînais sur Tinder et je faisais des “dates”, ce qui me faisait perdre pas mal de temps dans mes révisions, raconte-t-elle. “Swiper” (passer d’un profil à un autre sur une appli de rencontre) puis “dater”… Gabrielle s’en serait bien passée. « Je voyais mes potes en couple, et je me disais qu’ils avaient de la chance : au moins eux n’avaient pas à consacrer autant d’énergie à chercher quelqu’un. C’est sûr que chacun voit les choses à sa manière, puisque certains de mes amis en couple me disaient, au contraire, que la relation leur demandait beaucoup d’investissement et de temps… »
Stage le matin, déjeuner sur le pouce, gardes à effectuer, révisions très tardives la semaine et également le week-end : la préparation du concours de l’internat est en effet tout sauf une promenade de santé. « La principale difficulté est le manque de temps, on bosse le week-end et c’est parfois difficile pour le conjoint qui n’est pas en médecine de concevoir qu’on ne peut pas sortir le samedi soir et qu’on doit travailler. Quand on rentre d’une grosse journée, on est souvent un peu épuisés et on n’a pas forcément envie de parler. En plus du stress du concours, il faut savoir gérer toutes les émotions liées à notre quotidien », confie Axel, interne en 8e semestre d’oncologie-radiothérapie, qui était depuis un an avec sa copine au moment du concours.
Le secret pour traverser cette période sans que le couple en pâtisse ? « Une bonne organisation et, surtout, beaucoup de communication ! », révèle l’interne. Il recommande vivement de consacrer des moments précis à son partenaire pour préserver la relation. « Avec ma copine, on s’imposait un dîner chaque mercredi, et on ne dérogeait jamais à cette règle. On échangeait énormément aussi », confie-t-il. Aujourd’hui, il voit cette épreuve comme une véritable mise à l’épreuve de leurs sentiments : « C’était un vrai test, mais il a renforcé notre couple. Elle m’a soutenu malgré les difficultés que cela représentait aussi pour elle. On s’est dit que si on réussissait à tenir pendant cette période, c’est qu’on tiendrait toute une vie », raconte le jeune oncologue, désormais marié.
Vivons heureux, révisons ensemble
Pour Sixtine, aujourd’hui interne en médecine générale, l’année du concours s’est déroulée en tandem. Après avoir, quelque temps, hésité à se mettre en couple avec un camarade de sa promo un an avant le début du concours, elle finit par baisser la garde (et lui aussi). « À cette époque, je sortais d’une relation et mon copain actuel était focus sur son objectif. Il travaillait vraiment à fond pour avoir néphrologie. Au début, c’est vrai qu’on s’est demandé si c’était vraiment le bon moment d’entamer une relation », confesse la jeune femme. Finalement, le temps fait les choses et les deux tourtereaux décident de se lancer. « On a tout de suite posé nos bases : on s’est demandé quel était notre but, ce qu’on voulait pour nous deux. Ça nous a vraiment aidés à avancer », confie l’interne.
Une fois arrivés en sixième année, chacun se calque naturellement sur le rythme de l’autre. « C’était assez pratique parce qu’on avait le même mode de vie : on se levait en même temps, on allait à la BU tous les deux pour réviser, on travaillait ensemble les week-ends, on était vraiment un repère l’un pour l’autre », se souvient-elle. Malgré des horaires de travail différents – elle plus lève-tard –, ils tiennent bon au point de réfléchir très tôt à leur avenir à deux. « On s’était préparés à partir ensemble même à l’autre bout du monde. On a dans un premier temps envisagé la Martinique et finalement, on a eu de la chance : il a eu la première place en néphro, moi j’ai eu médecine générale et on a pu partir à La Réunion ! »
Un succès qu’elle partage avec émotion. « Avec le recul, cette année a été un tournant pour nous deux. Elle nous a énormément rapprochés. On est aujourd’hui très fiers l’un de l’autre », confie-t-elle avec le sourire. Preuve que vivre une relation durant l’internat n’a rien d’impossible.
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