« Il nous a fallu près d’un an et demi pour monter le dispositif “Un an pour s’ancrer” », confie le Dr Michel Serin depuis sa maison de santé de Saint-Amand-en-Puisaye (Nièvre), près de 40 ans de médecine générale au compteur dans ce village de 1 300 habitants. « Quand je voyais tout l’argent dépensé dans la création de centres de santé pour lutter contre les déserts médicaux, je me suis dit qu’on pouvait monter un modèle libéral, peut-être plus pérenne », poursuit celui qui est aussi coprésident de la Fédération des maisons de santé et de l’exercice coordonné de Bourgogne Franche Comté (Femasco-BFC).
C’est d’ailleurs la Femasco qui est parvenue à convaincre les partenaires du territoire nivernais de participer à ce projet innovant : l’Assurance-maladie, l’agence régionale de santé (ARS) et le conseil régional pour ne citer qu’eux. Le budget de fonctionnement pour cette première année de tutorat libéral (qui démarre en cette rentrée) est de 60 000 euros, financé à parts égales par l’ARS et par la région.
Simplifier l’installation des jeunes
Pour ce département bourguignon fragile sur le plan médical, l’objectif est d’accompagner au plus près l’installation en libéral des jeunes médecins sur le territoire afin de leur simplifier la vie. Une forme de compagnonnage piloté par une équipe spécifiquement constituée pour épauler les candidats dans leur parcours d’installation, souvent vécu comme un… parcours d’obstacles rédhibitoire.
Pour y parvenir, les membres du groupe de travail – dont le Dr Michel Serin et une infirmière en pratique avancée – ont ciblé les principales difficultés rencontrées par les juniors, qui freinent voire découragent les vocations libérales. Résultat : le conseil territorial de santé (CTS) de la Nièvre a annoncé à cet effet la création d’un tutorat sur mesure au sein duquel « un médecin expérimenté du territoire accompagne le jeune praticien pendant les trois premiers mois de son installation ».
Le primo installé pourra également bénéficier d’un soutien administratif et financier. Parce que l’embauche d’un salarié et l’engagement sur des objectifs de patientèle peuvent être source d’inquiétude, la proposition du conseil territorial de santé est de financer « un mi-temps par médecin, libérant le jeune praticien de toute gestion des ressources humaines et administratives ».
De surcroît, un guichet unique d’accompagnement sera mis à disposition des postulants pour leur permettre de tisser des liens sur le territoire avec les bons interlocuteurs, en lien avec les contrats locaux de santé (CLS), les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ou encore d’autres acteurs locaux.
Limiter les effets d’aubaine
« Nous avons identifié au préalable les territoires à privilégier pour déployer notre dispositif », ajoute le Dr Michel Serin, en l’occurrence les communes de Donzy, Dornes et Montsauche-les-Settons. Toutes trois souffrent d’une offre médicale insuffisante mais disposent d’une équipe de soins coordonnés. « On sait que les jeunes médecins privilégient ce type d’exercice et cela devrait permettre de limiter les effets d’aubaine que génèrent parfois les aides financières à une installation en solo », relève ce généraliste qui fut un pionnier des organisations libérales pluriprofessionnelles.
Hasard du calendrier, « sa » maison de santé Amandinoise, « la première à avoir expérimenté les nouveaux modes de rémunération » fêtera ses 20 ans d’existence la semaine prochaine. « On parlait à l’époque du fonds d’aide à la qualité des soins de ville ou FAQSV », se souvient Michel Serin. Aujourd’hui, cette MSP compte une vingtaine de professionnels de santé, dont quatre généralistes. Pluripro un jour…
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