Dernière fournée avant la réforme. Quelque 9 000 étudiants en médecine s’apprêtent à plancher les 19, 20 et 21 juin sur ce qui sera la dernière édition* des ECNi (épreuves classantes nationales). Pour cette dernière génération à connaître les ECN dans ce format, le programme a déjà été allégé de 20 % (issu de la réforme du deuxième cycle, R2C). C'est donc déjà une forme de transition. Il y aura quatre épreuves* de 3 heures où composent les étudiants (au lieu de cinq les années précédentes).
Les ECN sont déterminantes pour ces étudiants dont elles conditionnent – en fonction de leur rang de classement – l’accès au 3e cycle des études de médecine dans la spécialité et le CHU de leur choix. Les résultats seront dévoilés le 28 juin 2023, à 18 heures sur le site du Centre national de gestion (CNG).
Plein de courage à tous les D4, et promis c’est normal d’avoir l’impression de ne rien connaître, d’avoir envie de tout revoir sans en avoir le temps, de mal réussir les annales et d’avoir une fréquence cardiaque qui augmente un peu plus chaque jour. Bientôt la vraie vie ♥️ #ECN
— Eloïse (@Eloo_Pl) June 14, 2023
Vivent les EDN, les Ecos et le parcours
Dès la rentrée prochaine, c'est donc une nouvelle histoire qui commencera pour accéder à l'internat. Dans quatre mois jour pour jour, le 16 octobre, débutera la première série d’examens composant la nouvelle formule qui remplacera les ECN. L'accès à l'internat reposera désormais sur un trépied : des épreuves dématérialisées nationales (EDN, 60 % de la note), dès octobre donc pour les nouveaux étudiants de sixième année, puis des Ecos au printemps 2024 – examens cliniques objectifs structurés, 30 % de la note – et une note de parcours de formation en juillet 2024 (10 %). Pour valider ses EDN, un étudiant devra obtenir une note minimale de 14/20 aux connaissances de rang A (communes à tout médecin quelle que soit sa spécialité) pour pouvoir passer les Ecos (en mai 2024). Des questions de rang B, plus précises et spécialisées, permettant de classer les étudiants dans 13 classements par groupe de spécialité.
Les dernières ECN, la semaine prochaine, se dérouleront de la façon suivante :
*1re unité de composition / Lundi après-midi 14h30 - 17h30
2e unité de composition / Mardi matin 9-12 heures
3e unité de composition / Mardi après-midi 14h30 - 17h30
Deux unités de composition d'une lecture critique d'articles scientifiques (LCA) / Mercredi matin 9-12 heures
Souvenirs, souvenirs
Pour « Le Quotidien », quelques aînés de la dernière génération à passer les ECN se remémorent leur accès à l'internat.
Olivia Fraigneau, présidente de l’Isni, interne en médecine d’urgence
« J’ai passé mes ECN en 2019. Le premier souvenir que j’en garde, c’est que j’étais placée juste sous la clim’. Ça faisait du bruit et j’ai eu froid pendant trois jours alors qu’il faisait 30 degrés dehors. Je n’ai pas connu la période des grands amphis où plusieurs facs se rejoignaient dans un grand hangar pour passer des épreuves sur papier, mais les ECN, pour moi, c’est qu’on était ensemble avec toute la promo, pendant trois jours consécutifs où on jouait le tout pour le tout. Tout le monde venait avec sa bouteille de champagne le dernier jour pour la sabrer au moment où le doyen annonçait officiellement qu’il n’y aurait pas d’épreuves supplémentaires, comme cela pouvait arriver s’il y avait eu un bug ou des erreurs de copies. »
Dr Dominique Hérault, généraliste retraité maître de stage, au service médical de proximité (Laval)
« Mon année de fin d’études, c’est 1976. À cette époque, il n’y avait pas d’examen classant national, il n’y avait aucun examen après les quatre années de deuxième cycle. Le troisième cycle se résumait à une année d’internat, c’est-à-dire la 7e année, et puis après nous étions livrés à nous-mêmes. Il y avait quand même un examen, qu’on appelait "les cliniques". Nous étions interrogés par un médecin hospitalier ou un chirurgien et on devait développer à propos du cas clinique qui nous était présenté. C’était tout, après c’était la thèse. Je pense que les jeunes médecins actuels sont mieux formés que nous ne l’étions. Nous, on l’a quand même été un peu sur le tas. »
Dr Jean-Paul Hamon, généraliste, président d’honneur de la FMF
« Pour moi, ça a été simple, l’internat n’était pas obligatoire. J’ai commencé mes études en 1965, l’externat pour tous est arrivé en 68. L’internat était réservé à ceux qui voulaient faire certaines spécialités. Je ne l’ai pas passé parce que j’ai choisi la médecine générale. C’est assez drôle parce que c’est un de mes copains de médecine qui m’a décidé. À un moment, j’avais pensé faire stomato parce que l’équipe du département de stomato était sympa. C’est un de mes potes contre qui je jouais au foot en Bretagne qui m’a dit après le match, « mais enfin Jean-Paul, tu ne vas pas faire stomato, tu es fait pour faire médecine générale. J’ai fait mon premier remplacement en cinquième année et je n’en menais pas large ». Aujourd’hui, avec les stages et le passage par le statut de Docteur Junior, les jeunes sont beaucoup mieux préparés que moi je n’ai pu l’être. »
Dr Michel Chassang, ex-président de la CSMF
« Au début des années 80, le choix de la médecine générale était un choix par défaut. La formation théorique tenait la route mais sur la formation pratique, il fallait se débrouiller par soi-même. On avait mis en place des stages infirmiers. On allait piquer à 6 heures du matin avec des infirmières qui nous apprenaient à faire une prise de sang, des injections intramusculaires, sous-cutanées. Tout au long de nos études, on avait des stages d’externe dans les services hospitaliers, mais on était surtout les balayeurs de service. C’est parce qu’on était tous très mécontents de cette formation qu’on a milité pour une amélioration du cursus de médecine générale qui a débouché sur la mise en place de l’internat pour tous et que sont nées les ECN. »
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