Il y a parfois des stages qui sont comme des épiphanies. Cela a été le cas pour Aude Domenge lors d’un stage en nutrition. Cette externe marseillaise, à qui on avait demandé d’aller voir des patientes souffrant d’anorexie pour qu’elles répondent à un questionnaire sur la santé mentale, s’est rendu compte qu’elle pouvait à cette occasion échanger avec ces femmes « comme jamais auparavant ». En un moment, sa décision était prise : elle serait psychiatre.
Et pourtant, ce n’est pas la voie que la jeune femme se serait attendue à emprunter. Car si sa volonté de faire médecine est ancienne, confirmée par le visionnage de la série Dr House aussi bien que par un stage de 3e dans une clinique en chirurgie, la psychiatrie s’est longtemps tenu loin des préoccupations d’Aude. « Le souvenir le plus lointain que j’ai de ma volonté de faire médecine, c’est d’être dans la salle d’attente de mon pédiatre : j’ai dit à ma mère que je voulais faire comme lui », sourit-elle. Une idée qui l’a accompagnée jusqu’au jour où elle a fait un stage en pédiatrie. « Ça ne m’a pas plu du tout », confie-t-elle.
Reste que le cursus d’Aude n’a pas été un long fleuve tranquille. Comme beaucoup, elle a dû s’y reprendre à deux fois pour avoir la Paces. Puis, alors qu’elle habitait entre Aix-en-Provence et Marseille, elle a déménagé dans la cité phocéenne pour l’externat, ce qui n’a pas été une expérience satisfaisante. « J’ai eu plein de problèmes personnels à ce moment-là, et comme beaucoup d’étudiants, j’ai développé une dépression, raconte-t-elle. Au début, je ne m’en suis pas rendu compte, c’étaient des manifestations d’angoisse, mais cela a duré deux ans. »
Les stages plutôt que le concours
Aude a pu être prise en charge, mais elle n’a pas pu préparer les ECN de façon à obtenir le meilleur classement possible. « Beaucoup de gens veulent une spécialité difficile à avoir et travaillent en conséquence, mais de mon côté, j’ai plutôt conçu l’externat comme une occasion d’aller en stage, d’en retenir le plus de choses possible, d’apprendre à être un bon médecin…, explique-t-elle. Ce qui fait que je n’ai pas énormément travaillé les épreuves par rapport à d’autres, et que je n’ai pas un classement exceptionnel. »
Résultat de cette manière de voir les choses : « certaines villes vont m’être fermées », reconnaît la Provençale. Mais qu’à cela ne tienne, elle pourra tout de même réaliser l’un de ses objectifs : quitter Marseille et « partir dans le Nord ». Et après l’internat ? Pour l’instant, les choses ne sont pas encore fixées dans sa tête. « Probablement pas de la pédopsy », avance-t-elle, même si elle sait que la maquette de l’internat comprend deux stages dans ce type de service. « Peut-être que je me découvrirai une passion pendant l’internat, mais ça m’étonnerait », prophétise-t-elle.
En revanche, la future-ex-Marseillaise sait déjà, forte de ses trois stages d’externe en santé mentale, qu’elle apprécie particulièrement le fonctionnement des services hospitaliers de psychiatrie. « Il y a beaucoup de dysfonctionnements, mais il y a aussi beaucoup d’entraide entre toutes les professions », a-t-elle pu constater. Reste à savoir si, étant donné l’état de tension dans lequel se trouvent bien des établissements actuellement, cette belle entraide pourra perdurer bien longtemps.
Banderole sexiste à l'université de Tours : ouverture d'une enquête pénale
#MeToo médical : l’Ordre lance une vaste enquête sur les violences sexistes et sexuelles
Pass-L. AS : confrontés à une réforme trop complexe, les doyens réclament une seule voie d’accès par université
Laurence Marbach (Lipseim) : « Rien n’est fait véritablement pour éviter les suicides des étudiants en médecine »