Les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur ont reçu les conclusions d’un groupe de travail (doyens, étudiants, internes, chefs de clinique, experts) qui a planché sur une réforme du 3e cycle des études médicales.
Ce document d’une trentaine de pages dont « le Quotidien » a pris connaissance, préconise une réorganisation de l’internat qui s’est « progressivement complexifié ». L’objectif est de professionnaliser la formation des médecins afin qu’ils n’aient pas à suivre un post-internat et ne s’engagent pas dans une longue période de remplacement.
Le groupe de travail recommande la suppression des diplômes complémentaires (DESC) et la création d’options au sein des DES permettant des surspécialisations « sans rupture et sans allongement de la formation ». La formation des spécialistes serait simplifiée, les DESC qualifiants de chirurgie et de gériatrie étant transformés en DES. Le groupe de travail n’a pas tranché sur l’avenir de la réanimation : création d’un DES spécifique, d’une option au sein du DES d’anesthésie-réanimation ou au sein de plusieurs autres spécialités médicales...
Surtout, l’internat comprendrait à son terme une période de mise en responsabilité, accessible après la thèse. En clair, le médecin en formation pourrait exercer (de façon dérogatoire) ses fonctions en autonomie et non sous la responsabilité d’un praticien. Les compétences seraient évaluées tout au long du cursus. L’interne serait mieux préparé à l’exercice de son métier grâce à des formations à la gestion de cabinet ou à la pharmacovigilance. Les internes de médecine générale iraient plus souvent en stage en cabinet de ville, « l’objectif étant d’aboutir le plus rapidement possible à trois stages ambulatoires ».
Quid de l’accès au secteur II ?
Outre la simplification du cursus, ces pistes de réforme pourraient aboutir à de substantielles économies. Mais le rapport ne pipe mot sur l’avenir du clinicat, le statut de l’interne pendant la période de mise en responsabilité ou l’accès au secteur II. S’ils approuvent les pistes du rapport, internes et chefs de clinique auraient aimé des garanties.« La durée de mise sous responsabilité de chaque spécialité fait débat », explique Emanuel Loeb, président des internes (ISNI). Pour Florence de Rohan Chabot, présidente des chefs de clinique (ISNCCA), le statut du futur médecin, lors de la mise en responsabilité devra être « au moins » être celui d’un assistant spécialiste. « C’est un enjeu important en terme de reconnaissance, notamment des patients », glisse-t-elle. Les questions de statut et d’accès au secteur II pourraient être réglées lors de la future loi de santé, confie une source proche du dossier.
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