En 2023, la situation financière des hôpitaux publics s’est à nouveau « très fortement » dégradée avec un déficit de 2,4 milliards d’euros, annonce la Drees (ministère de la Santé) mercredi 21 mai, à l’occasion de la publication des premiers éléments de son traditionnel panorama annuel des établissements de santé. Cette dégradation est « sans précédent », insiste l’organisme. En 2022, ce déficit était de 1,3 milliard d’euros.
Cette situation particulièrement détériorée s’explique par la fin des dispositifs exceptionnels de soutien aux hôpitaux et cliniques que l’État a déployés pendant la crise sanitaire (comme la garantie de financement). De surcroît, ce changement des règles du jeu intervient dans un contexte inflationniste. Dès lors, toujours pour le public hospitalier uniquement, « le résultat net rapporté aux recettes est négatif, à hauteur de -2,3 % (après -1,3 % en 2022), une proportion inédite depuis 2005 », précise encore la Drees.
21 milliards d’euros de dépenses à caractère médical
Les dépenses s’affichent en hausse de 6,6 % en 2023 (+ 5,1 % en 2022) pour atteindre 105,9 milliards d’euros. Cette augmentation est visible poste par poste : dépenses de personnel (+ 5 %, 60,8 milliards d’euros), dépenses à caractère médical (+ 5,3 %, 21 milliards), dépenses à caractère hôtelier et général (+ 34,5 %, 12 milliards). « Dans le même temps, les recettes augmentent aussi mais un peu plus modérément (+ 5,6 %), ce qui explique le creusement du déficit », analyse la Drees.
Point positif : le gros coup de pouce du Ségur de la santé « contribu[e] à l’amélioration de l’investissement » (5,6 milliards d’euros en 2023, soit 5,4 % des recettes), même si, « malgré leur hausse, les investissements ne suffisent pas à compenser la dépréciation des immobilisations ».
Autre bonne nouvelle pour les hôpitaux publics : l’encours de la dette globale diminue en 2023 pour la deuxième année consécutive et retrouve son niveau d’avant la crise (à 29 % des recettes). Reste que le poids relatif de cet endettement stagne à hauteur de 45 % (-0,7 % par rapport à 2022). La Drees estime à 16,8 ans le nombre d’années nécessaires à l’hôpital public pour rembourser sa dette s’il y consacrait l’intégralité de ses ressources. Un « record ».
En conclusion, le ministère de la Santé juge le bilan 2023 « contrasté » pour le secteur. D’un côté, les plans de soutien et de relance déployés depuis cinq ans « portent leurs fruits » sur l’effort d’investissement et sur la dette ; mais cela ne suffit pas pour sortir les hôpitaux de la zone rouge. Un sur trois (36 %) est toujours surendetté.
Une clinique sur sept surendettée
Avec un résultat net positif de 362 millions d’euros, les cliniques privées s’en sortent mieux, même si tout n’est pas rose. Si le privé à but lucratif est globalement excédentaire, 32 % des cliniques étaient toujours déficitaires en 2023, soit sept points de plus qu’en 2022. Autre signe négatif : l’effort d’investissement du secteur privé s’est replié en 2023 (à 4,9 % des recettes en 2023, après 5,6 % en 2022).
En revanche, là encore, le Ségur de la santé a un impact positif sur l’encours de la dette des cliniques, qui diminue à 2,1 milliards d’euros en 2023 (2,3 milliards d’euros en 2022). Et « le poids relatif de cet endettement redescend au niveau historiquement bas de 33,5 % des capitaux permanents, après 37,3 % en 2022 », détaille la Drees. À noter que (seulement) 14 % des structures privées sont surendettées, soit le plus bas niveau historique du secteur.
Aux urgences, le nombre de passages diminue de 3,4 %
En 2023, les 685 structures d’urgences publiques et privées de France (générales et pédiatriques) ont enregistré 20,8 millions de passages (-3,4 % en 2023, après + 6,2 % en 2022). Après 30 ans d’augmentation quasi-continue des flux (hors Covid), cette érosion « pourrait s’expliquer par les mesures mises en place pour limiter l’afflux de patients ou en raison du manque de personnel », avance la Drees. Elle cite à ce propos la généralisation progressive du service d’accès aux soins (SAS), la fermeture complète de services sur certains créneaux horaires et les mesures d’obligation de régulation en amont (appel au 15 ou SAS pour être pris en charge).
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