Ils étaient très attendus mais feront certainement de nombreux déçus. Comme annoncé, le Centre national de gestion (CNG) a mis en ligne les résultats des épreuves de vérification des connaissances (EVC) 2024, étape clé que les médecins diplômés hors Union européenne (Padhue) doivent franchir pour obtenir l’autorisation de plein exercice.
Mais alors que 3 749 postes étaient ouverts aux médecins - toutes spécialités confondues - seulement 3 044 candidats ont officiellement été déclarés lauréats du concours, soit 81 % de postes pourvus. « Il est préoccupant de constater que 20 % des postes ouverts ne sont pas pourvus. S’agit-il d’un “concours dans le concours” ? », se désole la Fédération des praticiens de santé (FPS).
Pire, en comparant l’arrêté du 30 mai 2024, fixant le nombre de postes ouverts dans le cadre des EVC, et la liste finale des lauréats du concours publiée par le CNG, le syndicat constate même que « les spécialités les plus en tension en France sont celles où le taux de réussite est le plus bas ». Seulement 18 % des postes ouverts en psychiatrie ont en effet été pourvus, 39 % en anesthésie-réanimation, illustre-t-elle. L’infographie ci-dessous réalisée par Le Quotidien détaille les résultats par spécialité.
L’importance des postes non pourvus apporte de l’eau au moulin de ceux qui réclament une évolution des EVC. « La FPS ne souhaite pas stigmatiser un jury en particulier, ceux-ci étant souverains dans leurs décisions. Il est néanmoins essentiel de souligner que ce décalage entre le nombre de lauréats et le nombre de postes ouverts perdure depuis des années », soulève la fédération, agacée.
Alors que le ministère de la Santé, le CNG et les syndicats représentatifs des Padhue travaillent ensemble à une refonte des EVC, la FPS insiste sur les « conditions d’exercice défavorables » des praticiens candidats qui nuisent à leur réussite au concours. En parallèle de leurs heures de travail dans les hôpitaux, les candidats subissent en effet « une surcharge administrative avec des démarches complexes et chronophages » pour obtenir leur carte de séjour.
À cela s’ajoute leur précarité administrative et statutaire induite par « des contrats courts et des rémunérations parfois inférieures au Smic horaire », sans compter « l’absence de temps dédié à la formation dans leur contrat, les contraignant à se former sur leur temps de repos. Cette carence en dispositifs d’accompagnement, avec des objectifs clairs, peut nuire à la sécurité des patients », insiste la FPS.
La concertation en cours pourrait permettre de mettre en place des épreuves différenciées entre les Padhue internes (qui travaillent déjà en France) et externes. Les épreuves internes simplifiées pour les médecins déjà en poste pourraient se présenter sous la forme de QCM. L’autre voie, externe, concernerait les Padhue en provenance de l’étranger et conserverait les épreuves écrites des EVC actuelles.
Hausse des cotisations retraite : « un impact dramatique pour l’offre publique sanitaire », alerte la FHF
Padhue urgentiste et réfugié syrien, le Dr Sami Boufa perd son emploi après… 24 ans d’exercice en France
Marie-Noëlle Gerain-Breuzard (CNG) : « À l’hôpital, le taux de vacance des praticiens titulaires s’élève à 34,8 % »
Quand le planning opératoire a du retard, les patients trinquent