En cas de pandémie de H1N1, ils sont aussi nombreux à se sentir armés que désarmés. Les généralistes veillent, s’informent, mais apprécieraient d’être davantage associés au dispositif. Selon notre sondage CMC/GMG, la grande majorité de la profession dispose des masques adéquats et six praticiens sur dix 0ne ressentent pas le besoin d’une formation spécifique
Alors que le gouvernement semble encore s’interroger quant à une possible vaccination de l’ensemble de la population française, cet automne, contre le virus A (H1N1) responsable de la grippe dite « mexicaine », les généralistes apparaissent partagés face à la question de savoir s’ils s’estiment aujourd’hui armés pour répondre à une éventuelle crise pandémique. Sur ce sujet, la profession se divise à parité quasi parfaite. Tel est le principal enseignement du sondage CMC/GMC (*) pour Le Généraliste.
Vous êtes ainsi 45,60 % à vous estimer « armés » contre une crise. Et 45,10 % à penser le contraire. On relèvera au passage que votre principale source d’information quant à la conduite à tenir en cas de suspicion de grippe infectieuse est la presse professionnelle (40,50 %). Tandis qu’Internet est, sur ce sujet, la deuxième source d’information (38,10 %) privilégiée des médecins généralistes. Devant la presse grand public (32,10 %) et le ministère de la Santé, pourtant en charge du dossier, qui n’arrive ainsi qu’en quatrième position (29,30 %), en termes de classement des sources d’informations privilégiées . Une hiérarchie qui n’étonne pas véritablement le Dr Arnaud Gouget (lire témoignage). « Tout dépend de ce que vous appelez Internet, mais si on y inclut les courriers électroniques, nous sommes alertés directement par la Ddass, ce qui tend à prouver, en l’occurrence, que les services de l’État ont bien fait leur travail ». Du moins en Saône-et-Loire. Car, dans le Doubs et dans les Deux-Sèvres, les jugements sont plus critiques.
« Certes, j’estime aujourd’hui être bien au courant de ce qui se passe, mais parce que j’ai moi-même pris l’initiative de me tenir informé ». Ainsi, de l’avis du Dr Jean-Luc Lannaud, qui exerce en cabinet de groupe dans les Deux-Sèvres, le ministère de la Santé devrait être plus actif dans sa communication envers les généralistes (lire témoignage). Une analyse que partage son confrère franc-comtois, le Dr Patrick Vuattoux, qui n’hésite pas à enfoncer le clou : « le fait que nous, généralistes, avons de plus en plus fréquemment recours à Internet dans notre recherche d’information devrait inciter les pouvoirs publics à développer davantage sa communication sur ce média », diagnostique ce dernier.
Bien informés sur les conduites à tenir
Reste que malgré tout, les confrères se sentent majoritairement bien informés sur la conduite à tenir face à un patient présentant des symptômes pouvant évoquer un cas de grippe mexicaine. En effet, au vu de vos réponses à notre sondage, plus des deux tiers de la profession estiment ainsi connaître « les mesures spécifiques d’accueil des patients suspects de grippe H1N1 ». 42,30 % déclarent les connaître « tout à fait » et 35,30 % « dans les grandes lignes ». A l’arrivée, ils ne sont donc que 21,9 % à déclarer ne pas les connaître. « Sans doute parce que nous avons encore en tête les vieilles formations H5N1 de 2007 », poursuit le Dr Vuattoux, généraliste à Besançon (lire témoignage).
Un ratio à mettre en regard du taux de réponses comparable concernant l’approvisionnement en masques FFP2. Là encore, deux tiers des généralistes en ont aujourd’hui à leur disposition, contre un petit tiers (28, 4 %) qui n’en dispose pas. A l’évidence, les mesures de précaution prises en 2007 lors de « l’alerte grippe aviaire » ont bien été retenues et le matériel mis de côté. Est-ce la raison pour laquelle une franche majorité d’entre vous (59,1 %) n’éprouve pas la nécessité de suivre une formation spécifique sur « la conduite à tenir en cas de pandémie infectieuse » ? Voire. Car, en la matière, les généralistes qui ont accepté de réagir à notre sondage apparaissent pour le moins dubitatifs. Certains n’hésitant pas à affirmer qu’ils se sentent quelque peu démunis face au décalage entre les images télévisées d’équipes hospitalières disséquant le possible virus et les seuls « petits gants et masques » dont les généralistes ont été « abreuvés » au plus fort de la « crise » de la grippe aviaire. Les généralistes aussi peuvent être inquiets, face aux conséquences possibles d’un virus que personne ne maîtrise véritablement, explique, en substance, un confrère. Et si ces derniers ne demandent, en définitive, qu’à être pleinement associé à la lutte contre une éventuelle pandémie, ils demandent aussi à l’être en toute connaissance de cause. « Mais avec des images de réponse et de traitement de crise surtout hospitalières, on ne voit pas toujours très bien à quoi, nous, les libéraux, pouvons servir. Faire le 15 ? D’accord. Ne pas faire venir un patient suspect au cabinet pour éviter toute contagion ? OK. Mais ce n’est pas très motivant ».
En revanche, s’il est un sujet qui semble faire l’unanimité, c’est bien celui du degré de mobilisation. Impossible de faire dire à un généraliste que le gouvernement en a trop fait. Petit florilège : « Non, il ne s’agit pas d’une pandémie. Oui, un épisode de grippe classique fait davantage de morts que ceux jusqu’ici recensés par H1N1. Mais surtout, on ne sait pas encore, la question continue de se poser, et elle sera
encore plus d’actualité à l’automne, il est essentiel de rester vigilant ». Le principe de précaution est bel et bien entré dans les mœurs des généralistes