À un mois de l’élection présidentielle, comment les candidats ont-ils préparé leur programme santé, l’une des principales préoccupations des Français ? Qui sont leurs conseillers ? Quels intérêts défendent-ils ? Alors que le scrutin approche, Le Généraliste a enquêté sur les huit principaux aspirants à l’Élysée.
Parmi les principales préoccupations des Français, derrière le pouvoir d’achat notamment, la santé est l’un des sujets majeurs de cette élection présidentielle. Pourtant, les programmes sont encore balbutiants. Pour les comprendre, Le Généraliste s’est intéressé à ceux qui les élaborent et qui soufflent à l’oreille des candidats.
Il semble que les conseillers politiques des candidats à la présidence de la République peuvent être divisés en deux catégories : les professionnels de santé et les technocrates, souvent hauts fonctionnaires.
Aurore Gorius, journaliste aux Jours, a enquêté sur celles et ceux qui soufflent à l’oreille des politiques. Dans sa série d’articles sur le sujet, on retrouve les numéros un et deux de l’Assurance maladie, ainsi que le conseiller du Premier ministre. « Ces conseillers, qu’on dit santé, ont tous des expériences au sein de cabinets ministériels, que ce soit Thomas Fatôme ou Marguerite Cazeneuve, voire Nicolas Revel sous Édouard Philippe. On y trouve peu de médecins. Certains professionnels de santé deviennent députés. Et plus rarement ministres. » Avec les exemples récents de Roselyne Bachelot, Agnès Buzin et Olivier Véran.
Le Dr Claude Pigement, ancien conseiller santé du Parti socialiste (PS), observe une certaine faiblesse dans les propositions santé des candidats cette année. « Pour avoir été au cœur du réacteur en 2012, ça bossait sec, à l’époque… et pareil chez Sarkozy ! On a aujourd’hui l’impression que les propositions en santé ont été faites sur un coin de table. »
Un exemple : l’hôpital, pilier des programmes santé des candidats. « Tout le monde dit la même chose : “il faut plus de lits, investir des milliards, etc.”, avec des différences dans le curseur. Mais la gouvernance, la T2A mixte… on en parle très peu ! », affirme-t-il. L’autre grand thème santé de la campagne est l’accès aux soins, un sujet clivant. « Les politiques sont écartelés entre les élus et les médecins. Les premiers disent non aux incitations, les seconds sont contre la coercition… Il est difficile de trancher sur ce sujet, lié aux déserts de service public et à l’aménagement du territoire », pointe le Dr Pigement, lequel demeure toutefois optimiste sur la campagne. « La population s’intéresse à la santé et oblige les politiques à s’en saisir et à en faire un thème central de l’élection. Jusqu’alors, ces thématiques étaient rentrées “par effraction”. En 1981, par la suppression du secteur privé ; en 2002, par la grève des gardes et le C à 20 euros ; en 2017, par le transfert du petit risque aux complémentaires… En 2022, on va peut-être avoir enfin de vrais débats ! »
Les interviews du dossier ont été réalisées avant le début de la guerre en Ukraine.
Nous avons choisi de présenter les différents programmes selon l’ordre alphabétique du nom des candidats.