MÊME DANS LA RÉGION Ile-de-France commencent à exister des zones sensibles en offre de soins. En effet, des villes comme Achères, Chanteloup-les-Vignes, Vernouillet ou Bréval, dans les Yvelines, La Courneuve, Montreuil et Villetaneuse, dans la Seine-Saint-Denis, ou encore Villiers-le-Bel, dans le Val-d'Oise, ont une offre de soins bien inférieure à la moyenne francilienne qui se situe à 424 médecins pour 100 000 habitants (mais qui devrait descendre à 311 seulement à l'horizon de 2025). Dans certaines villes comme Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, si la densité médicale demeure globalement satisfaisante, le nombre de généralistes est passé en vingt ans de 72 à 50. Les projections n'y sont d'ailleurs guère réjouissantes car, au cours des six dernières années, 36 médecins généralistes nanterrois sont partis à la retraite, mais 20 seulement se sont installés.
C'est sur la base de ce constat déjà alarmant que l'association RIR (Regroupement, Implantation, Redéploiement), composée de médecins libéraux, s'est emparée du problème pour essayer de proposer aux professionnels de santé des projets adaptés aux réalités de terrain. Leur solution ? La maison de santé. Certes, l'idée n'est pas si neuve que cela. Toutefois, comme le regrette le Dr Bernard Huynh, président de RIR, «les maisons de santé, tout le monde en parle, mais personne n'en fait». Concrètement, la maison de santé peut se définir comme un lieu médical partagé où travaillent conjointement plusieurs généralistes et spécialistes libéraux, sans plateau technique, hormis une salle de soins pour des interventions bénignes. Pour les médecins, l'avantage saute aux yeux : la mutualisation des tâches administratives, le moindre coût du personnel administratif, sans oublier l'exercice en groupe, enrichissant et sécurisant. Quant aux patients, ils apprécient de trouver réunie en un seul lieu une large offre de soins, d'autant que ces maisons de santé accueillent également souvent des professionnels de santé paramédicaux, comme des infirmiers ou des kinésithérapeutes.
Rejet de l'exercice isolé.
Concrètement, l'association présidée par le Dr Bernard Huynh propose de prendre le problème dans son ensemble. Avec l'appui des caisses régionales d'assurance-maladie et des associations d'élus, RIR réalise des études de faisabilité, établit des plans de financement, effectue des recherches de locaux ou de sites, et prend contact avec des investisseurs institutionnels comme la Caisse des dépôts et consignations pour financer la réalisation du projet. Restera ensuite à intéresser des médecins libéraux à exercer sur ce type de site, mais la tendance lourde de l'offre de soins libérale est au regroupement des professionnels de santé qui rejettent de plus en plus l'exercice isolé. «Et surtout, ajoute le Dr Huynh, nous mettons au point des modèles réplicables et adaptables aux différents terrains.»
Aujourd'hui, RIR finalise des études de faisabilité pour des villes d'Ile-de-France comme Choisy-le-Roi, la Courneuve ou Villiers-le-Bel. Le Dr Huynh parcourt ces villes pour y dénicher le local adaptable ou le site constructible, même s'il reconnaît que le prix du mètre carré en Ile-de-France constitue un vrai problème. A ce sujet, Bernard Huynh compte bien négocier serré avec la ville et les bailleurs. Il faudra ensuite convaincre les investisseurs institutionnels de rejoindre le projet. Mais Bernard Huynh semble très optimiste : «Nous avons été auditionnés dans le cadre des états généraux de l'offre de soins (EGOS), et nous y avons reçu un accueil extrêmement encourageant.»
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