Un médecin malade n’est pas un patient comme les autres. C’est à partir de ce postulat que les quarante médecins recrutés par Groupe Pasteur Mutualité ont été initiés à la prévention du burn out selon le modèle de l’aide par les pairs. Des experts de la question les ont préparés à leur nouveau rôle de consultants, au cours de deux sessions de formation qui se sont déroulées en avril et en septembre.
Le Dr Eric Galam, généraliste parisien et le Pr Jean-Louis Terra, psychiatre et universitaire à Lyon, ont prodigué à leurs confrères les bases du colloque singulier soignant vs soignant. « Tout médecin vit l’idée d’être malade comme une faille, affirme le Dr Galam, alors que consulter est plutôt un gage de qualité qu’un signe de faiblesse ! » Le généraliste, qui est aussi le fondateur d’un réseau d’entraide pour les médecins en détresse, l’APPML (Association d’Aide Professionnelle aux Médecins Libéraux), met en garde ses confrères consultants sur le risque de « tomber dans l’identification ». Pour l’éviter, il faut apprendre à « dissocier le professionnel de l’humain ».
Quant au Pr Terra, qui est également responsable du Centre de prévention du suicide au CH Le Vinatier à Lyon, il souligne l’importance, pour les futurs consultants de « savoir identifier les émotions et la souffrance », mais aussi de « savoir évaluer l’urgence suicidaire », c’est-à-dire la probabilité de se donner la mort dans les 48 heures. Même si le suicide n’est pas généralement marqué par l’impulsivité, comme l’explique le Dr Terra, dans l’urgence, « il faut avoir le réflexe de faire intervenir les services de secours habituels (pompiers, SAMU, etc.) ».
« Simplement arrêter de souffrir »
Les personnes qui se suicident consultent plus que les autres dans le mois qui précède leur passage à l’acte, selon le psychiatre. Ce qui démontre qu’ils « ne veulent pas mourir mais simplement arrêter de souffrir ». Du côté des confrères formés, le Dr P.C., de Nice, a déjà eu à faire, comme médecin du travail, à des personnes souffrant de troubles psychiatriques ou suicidaires. Pour lui, ce ne sera donc pas une première et son expérience des risques psycho-sociaux l’aidera dans son nouveau rôle de consultant. Pour sa part, le Dr N.L., généraliste bordelaise passionnée de psychiatrie, a eu envie de « faire bouger les choses ». « Il s’agit, explique-t-elle, de permettre une soupape de sécurité à des professionnels éprouvés, c’est-à-dire d’apporter du soin aux soignants en les considérant comme des êtres humains. »
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