ANALOGUE de l'hormone de croissance endogène modifiée par génie génétique, Somavert est un antagoniste puissant et sélectif du récepteur de la GH. Première illustration d'un concept tout à fait innovant dans la prise en charge médicale du traitement de l'acromégalie, ce médicament n'agit plus au niveau de la tumeur sécrétant la GH comme les agonistes dopaminergiques ou somatostatinergiques, mais en périphérie. Cette action périphérique est par conséquent indépendante des caractéristiques de l'adénome et de l'expression des récepteurs de la somatostatine à ce niveau.
Les résultats d'une étude réalisée chez 112 patients (Trainer et coll.) démontrent une réduction significative, doses-dépendantes, des concentrations sériques d'IGF-I dans les groupes traités par Somavert versus placebo. Sur le plan clinique, une amélioration symptomatique est notée avec une diminution du volume des doigts. Quant à la tolérance, elle s'est avérée bonne au cours de cette étude.
Une réponse insuffisante.
Ainsi, Somavert est indiqué dans le traitement de l'acromégalie chez des patients qui ont eu une réponse insuffisante à la chirurgie et/ou à la radiothérapie et chez lesquels un traitement médical approprié par les analogues de la somatostatine n'a pas normalisé les concentrations en IGF-I ou n'a pas été toléré.
L'acromégalie touche environ 400 personnes en France. Elle se caractérise par une hypersécrétion d'hormone de croissance due généralement à une tumeur bénigne de l'hypophyse. Caractérisée par un syndrome dysmorphique, elle s'accompagne de déformations osseuses, de manifestations viscéromégaliques, respiratoires ou rhumatologiques. Les complications cardio-vasculaires en représentent la première cause de mortalité, avec un risque multiplié par deux à quatre par rapport à la population générale. Il est proportionnel à l'importance de l'hypersécrétion somatotrope. La normalisation des concentrations de GH (hormone de croissance) et d'IGF-I sous traitement corrige cet effet.
Neuf ans de latence diagnostique.
Le problème essentiel de la prise en charge est le délai entre les signes formellement attribuables à l'acromégalie et le diagnostic qui est en général de neuf ans. Cette grande latence explique, en partie, la fréquence des complications et la surmortalité. Ainsi, l'espérance de vie serait réduite d'environ dix ans. Néanmoins, selon une étude récente, les patients bien contrôlés ont un taux de mortalité comparable à celui de la population générale.
La guérison de l'acromégalie reste difficile à obtenir. Même si la chirurgie constitue le moyen le plus rapide de réduire les concentrations de GH et d'IGF-I, leur normalisation n'est obtenue que dans environ 60 % des cas. La radiothérapie de la loge hypophysaire permet une réduction du volume tumoral et des concentrations d'IGF-I, mais son effet est retardé. De plus, de 40 à 50 % des patients, selon les séries, gardent des concentrations hormonales élevées malgré l'utilisation d'analogues de somastostatine. Ces résultats soulignent bien l'intérêt de disposer d'autres ressources thérapeutiques.
D'après les communications des Prs P. Jacquet (CHU Timone, Marseille) et P. Chanson (CHU Kremlin Bicêtre), lors d'une conférence de presse organisée par les Laboratoires Pfizer.
Une auto-injection quotidienne
Somavert existe sous trois dosages : 10, 15 et 20 mg ; il se présente sous la forme d'une poudre à diluer dans un solvant pour une injection journalière autoadministrée. La prescription initiale annuelle de Somavert est hospitalière et réservée aux spécialistes en endocrinologie et maladies métaboliques exerçant dans les services spécialisés. Le renouvellement de la prescription initiale dans les périodes intermédiaires peut être effectué par tout médecin.
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