LA MÉSAVENTURE pourrait faire sourire si elle ne s’était déroulée dans un contexte déjà tendu. Le 24 septembre dernier, le Dr Sylvie Cochard, généraliste à Bondy (Seine-Saint-Denis), reçoit un courrier de sa caisse primaire. Celle-ci lui réclame 860 euros en remboursement d’indus d’indemnités journalières. « Je n’avais pourtant jamais eu de contrôle sur les arrêts de travail que je prescris », confie-t-elle au « Quotidien ». La généraliste, qui avait précédemment été condamnée à rembourser environ 1 300 euros à sa caisse pour non-respect de l’ordonnancier bizone, tente de joindre la CPAM pour éclaircir l’affaire. Téléphone, fax, mails… Sylvie Cochard essaie tous les moyens de communication, sans aucun succès. Ses confrères et amis tentent de la rassurer en lui disant qu’il doit s’agir d’une erreur.
Pendant une semaine, la généraliste navigue entre insomnies et crises d’anxiété. « Contrôlée déjà à trois reprises en cinq ans par ma caisse, notamment en matière d’ALD, continue la praticienne, j’étais partagée entre colère, désillusion et angoisse ».
Au bout de la semaine, toujours sans aucune nouvelle ni explication de la CPAM, l’épuisement guette. « Je suis allée voir une psychiatre qui m’a tout de suite arrêtée, car les crises d’angoisses me clouaient littéralement sur place, me donnant envie de tout arrêter », confie-t-elle. Sauf que pour un médecin, l’arrêt de travail équivaut à une perte sèche de revenus. « Je n’ai bien sûr pas pu trouver de remplaçant, ajoute-t-elle, car c’est difficile d’en trouver un en urgence, et encore plus en Seine-Saint-Denis ».
Pas un mot d’excuse.
Une semaine après le début de son arrêt maladie, le Dr Cochard parvient à entrer en contact avec le service compétent de la caisse. « Une secrétaire m’a dit, excusez-moi, j’ai fait une erreur de copier-coller pour le destinataire de la lettre ». Dans la foulée, la généraliste reçoit un courrier rectificatif de la caisse, lui signifiant qu’elle n’est finalement pas redevable de cette somme de 860 euros. « Dans ce courrier, il n’y avait aucun mot d’excuses ni de regrets, ils ne disaient même pas qu’ils avaient commis une erreur », regrette-t-elle.
Sylvie Cochard en sera quitte pour un manque à gagner important (près de trois semaines sans travailler), et une rancœur tenace, et compréhensible, contre sa caisse. « J’ai envisagé un moment d’intenter une action contre eux, conclut-elle, mais finalement,je me suis dit que j’avais des choses plus importantes à faire ». Comme soigner ses patients.
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