POUR la troisième fois, la transmission d'une infection par arénavirus au cours d'une transplantation d'organes est rapportée. Les cas observés en Australie ont été fatals pour les trois receveurs et, particularité de cette mini-épidémie, sont dus à un nouvel arénavirus.
Gustavo Palacios (New York) et coll., auteurs de l'article publié dans le « New England Journal of Medicine », insistent sur l'apport d'une technique très puissante de séquençage à haut débit, dite sans biais, dans l'identification de ce virus.
Le point de départ clinique est assez simple. Trois femmes âgées de 64, 63 et 44 ans ont reçu respectivement le foie et les deux reins d'un homme décédé à 57 ans d'une hémorragie cérébrale. Ce donneur était revenu depuis dix jours d'un séjour en Yougoslavie au cours duquel il avait séjourné en zone rurale. Dans les jours suivant l'intervention, les trois receveuses ont déclaré une encéphalopathie fébrile qui a été fatale en quatre à six semaines.
Quatorze séquences sur plus de 100 000 passées au crible.
Afin d'établir la cause des décès, l'équipe s'est intéressée aux ARN découverts dans le foie et les reins transplantés. En l'absence d'agents infectieux identifiés, les médecins ont eu recours au séquençage à haut débit afin d'identifier des séquences microbiennes qui n'avaient pu être mises en évidence. A partir de 14 séquences sur plus de 100 000 passées au crible, des séquences spécifiques d'un nouvel agent infectieux ont été identifiées : un arénavirus de l'Ancien Monde. La spécificité de ces séquences a été confirmée par cultures, PCR, immunohistochimie et sérologie. Les antigènes viraux ont été retrouvés dans le foie et les reins greffés. Des IgM et des IgG ont été mises en évidence dans le sérum du donneur témoignant d'une infection récente.
Les arénavirus sont connus pour être transmis à l'homme par les urines de rongeurs. Ils sont responsables de chorioméningites lymphocytaires. Aucun contact de cette sorte n'a pu être établi précisément chez le donneur. Mais le voyage en milieu rural en Europe du Sud peut avoir occasionné la contamination.
Deux situations similaires ont déjà été décrites. La plus récente (« le Quotidien » du 29 mai 2006) avait été responsable du décès de sept receveurs sur huit. Tous avaient bénéficié des organes d'un donneur qui avait acheté un hamster trois semaines avant son décès. Il avait contracté une infection par un arénavirus.
« New England Journal of Medicine » doi 10.1056/NEJMoa073785.
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