À l’AUTOMNE dernier, 411 médecins généralistes en exercice de la région Centre – soit 20 % des 2 086 praticiens de cette spécialité interrogés – ont consacré quelques précieuses minutes à un questionnaire sur l’amélioration des conditions d’exercice en libéral. Un taux de réponse élevé, révélateur de l’intérêt des médecins pour ce sujet et de leurs attentes.
La prévention du burn-out, item majeur
Présenté lors des 4e assises de la « Femme, médecin libéral », sous la houlette du SML, le questionnaire va droit au but. Après avoir décliné identité et mode d’exercice, le médecin est invité à hiérarchiser les items suivants par degré d’importance : « prévention de l’épuisement professionnel », « s’adapter aux nouveaux modes d’exercice », « intégrer les nouveaux outils informatiques », « prévention et gestion de l’erreur médicale », « améliorer l’organisation du cabinet médical », « s’adapter aux nouveaux comportements des patients », « faire le point sur sa propre protection sociale » ou encore « relations avec les caisses primaires ». Une lettre conjointe précise que, selon les choix, « des réunions départementales entre pairs ou avec experts pourront être organisées afin d’améliorer la gestion de "nos petites entreprises qui connaissent la crise" ».
Les résultats sont sans équivoque : 35,5 % des généralistes citent « la prévention de l’épuisement professionnel » en priorité des priorités, traduction d’une vraie souffrance. Dans une moindre mesure, ils sont 15,8 % à privilégier la réorganisation de leur cabinet médical, et 12 % à vouloir s’adapter aux nouveaux modes d’exercice. Les autres suggestions ne dépassent pas la barre des 10 %. À la question « êtes-vous intéressé(e) par des réunions départementales organisées par l’URPS sur le ou les thèmes choisis ? », trois quarts des médecins répondent par l’affirmative. Une nouvelle fois, un chiffre élevé quand on sait le peu de temps libre dont disposent les libéraux, au regard notamment de la démographie. Avec une densité moyenne de 242 médecins pour 100 000 habitants, la région Centre occupe le deuxième rang des régions les moins dotées médicalement, après la Picardie.
Le travail en groupe ne règle pas tout
Qui sont ces généralistes qui affirment un besoin de prévention de l’épuisement ? « Majoritairement des femmes de moins de 50 ans qui exercent en milieu rural, détaille le Dr Parvine Bardon, gynécologue à Orléans, une des élues de l’URPS à l’initiative de l’étude. Pour celles qui travaillent en Beauce ou en Sologne, l’informatique et les formations existantes ne suffisent pas à briser l’isolement. Elles ont besoin d’échanges confraternels, d’une écoute loin de tout jugement, en petits groupes ».
L’enquête relativise au passage le discours ambiant sur les bienfaits de l’exercice en groupe. « 53 % des médecins interrogés travaillent en cabinet de groupe, en maison de santé pluridisciplinaire ou en pôle de santé, explique le Dr Bardon Pourtant, ils ne sont pas plus heureux que les autres. Ce qu’on nous vend n’est pas la panacée universelle ».
Dans le salon de l’hôtel parisien qui accueille les assises de la « Femme, médecin libéral », l’enquête fait mouche. Les langues se délient, nombre de médecins ont une histoire à raconter. On parle même de « mort brutale », d’« AVC à 40 ans », de « suicide sous le manteau ». « À Versailles, une femme médecin de 47 ans a mis fin à ses jours juste avant Noël », souffle cette généraliste des Yvelines. La cause ? « Surmenage ». Un mot assené comme une évidence.
L’URPS médecins du Centre a déjà pris quelques mesures. À Orléans, le Dr Isabelle Sauvegrain, médecin du travail et spécialiste de la prévention de l’épuisement professionnel, animera le 7 février deux ateliers de trois heures en petit comité. Carton plein : 16 médecins âgés de 33 à 61 ans se sont aussitôt inscrits. La moitié sont des femmes. « Ces premières réunions ont valeur de test, indique le Dr Bardon. Nous renouvellerons l’expérience dans trois mois, afin de vérifier l’efficience du dispositif ».
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