LES CONSÉQUENCES de l’épuisement professionnel ne sont pas à prendre à la légère.
Les chiffres de la CARMF sont éloquents. Tandis que le nombre de cotisants (médecins libéraux en exercice et « cumulards » exercice-retraite) reste stable entre 2001 et 2011 – autour de 126 000 –, le nombre d’indemnités journalières (IJ) versées au 91e jour a augmenté de 43 %, passant de 210 000 à 300 000 par an. En 2011, 1 837 médecins ont perçu des IJ, pour une moyenne de 167 jours d’arrêts de travail par médecin (après 90 jours sans toucher un sou). Ainsi, lorsqu’un praticien est en arrêt prolongé, il pose le stéthoscope 257 jours, soit plus de huit mois. Les causes les plus fréquentes sont les affections cancéreuses (32 %) et psychiatriques (20 %). Le burn-out, qui n’est pas reconnu comme maladie professionnelle, est à classer dans cette deuxième catégorie.
Formatés en Zorro.
Quelles solutions ? L’URPS médecins du Centre estime que créer une médecine du travail pour les libéraux est la solution à privilégier. Car ces médecins en souffrance ont beau être professionnels de santé, ils n’ont pas le recul nécessaire pour prévenir le surmenage, identifier, évaluer et gérer les risques psychosociaux (stress, harcèlement moral, violences physiques et verbales) qui les guettent.
« En tant que libéraux, vous êtes vos propres employeurs, ce qui rend ce travail d’identification des risques difficile, argumente le Dr Isabelle Sauvegrain, médecin du travail et intervenante en prévention des risques professionnels (IPRP). D’autant que depuis le premier jour de vos études, on vous formate en Zorro alors que vous êtes exposés au stress chronique par les sollicitations de vos patients, des caisses et de la permanence des soins. Le tout accumulé peut avoir un effet délétère sur la santé, jusqu’à l’irrémédiable ». Le risque relatif de suicide serait multiplié par 2,37 chez les médecins, selon certaines études.
Spécialiste du burn-out, le Dr Éric Galam, fondateur de l’Association d’aide professionnelle aux médecins libéraux (AAPML), trouve l’idée de la médecine du travail « intéressante ». Mais il précise que cette solution devrait être « incitative plutôt qu’obligatoire ». « À l’hôpital, la médecine du travail est obligatoire. Mais même là, je ne suis pas sûr que les médecins suivent les règles du jeu ».
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