Il faut dire que dans un premier temps l'histoire de la philosophie lui déroule un merveilleux tapis. Dans l'« Éthique », œuvre centrale du petit polisseur de verre judéo-hollandais, il nous est dit que la principale préoccupation de la philosophie était « avant tout savoir ce que peut un corps ».
Une simple affirmation qui désigne l'ennemi de Spinoza : Descartes. Pour le philosophe français, l'âme et le corps sont deux substances séparées, même si l'expérience commune les montre unies – je veux lever le bras et j'y arrive, inversement le plaisir et la douleur sont « ressentis dans l'âme ».
Spinoza est le penseur de l'unité. Pour lui l'âme et le corps sont une seule et même chose, l'homme se définit par ce qui en lui agit et non par sa situation dans le monde. Cette force, c'est le conatus, par lequel le monde extérieur diminue ou augmente notre puissance d'agir (d'où la haine ou l'amour).
Donc on a affaire à une pensée moniste : matière et pensée sont une seule et même chose, tout comme Dieu et la Nature. Là encore, c'est une opposition frontale à Descartes, pour qui Dieu était libre de créer ou non. On voit déjà comment cette profonde union entre l'esprit et le corps fait de Spinoza le premier psychosomaticien.
Plus délicate est la démarche d'Henri Atlan lorsqu'il aborde « le détour par les neurosciences cognitives ». Si on songe qu'à la fin du XIXe siècle les recherches sur le cerveau tournent autour d'un délire phrénologique sur les bosses du crâne et sachant que dans l'œuvre de Spinoza les préoccupations scientifiques sont rares, on comprendra que l'auteur a du mal à effectuer une vraie confrontation.
À ceci près, tout de même, que dans la préface du Livre III de l'« Éthique », le penseur de Leyde rêvait de comprendre les passions « more geometrico ».
Henri Atlan, « Cours de philosophie biologique et cognitiviste - Spinoza et la biologie actuelle », préface de Pierre Macherey, Odile Jacob, 640 p., 35 €
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