• Maîtriser les dépenses : mention Assez Bien
« Le rythme des dépenses de la Sécurité sociale devra permettre à celle-ci de revenir à l’équilibre en 2011 » affirmait le gouvernement en mai 2008. Et voilà que Le PLFSS pour 2011 que la ministre de la Santé défend actuellement prévoit… un trou pour l’Assurance-maladie de 11,6 milliards. La faute à la crise, répond aujourd’hui l’exécutif qui met en avant la bonne maîtrise des dépenses. Et c’est vrai qu’à la décharge de la ministre, côté dépenses, bien que serré (sous la barre des 3 %), l’ONDAM est désormais respecté. En revanche, la réforme du financement de la santé n’est toujours pas en chantier. Mais faut-il en faire grief à Roselyne Bachelot ou à Nicolas Sarkozy ?
• Résoudre la crise démographique : peut mieux faire
C’était une sorte de « deal » avec les syndicats de médecin lorsque Roselyne Bachelot a pris ses fonctions : trouver des solutions pour lutter contre les déserts médicaux contre le C à 23 euros. Résultat des courses : la loi HPST s’est contentée de solutions a minima. À force de ferrailler sur les SROS ambulatoires avec les parlementaires, la ministre n’a pas pu ou su trouver d’autres solutions efficaces. Le président de la République avait pourtant clairement désigné l’exemple à suivre : les infirmières qui ont accepté le principe d’une arrivée pour un départ dans les zones déficitaires. De guerre lasse, Roselyne Bachelot en est finalement réduite à promouvoir les « téléconsultations » et elle a accepter un euro de plus sur le C devant la moblisation de la profession?
• Mettre de l’ordre dans les dépassements : à revoir…
C’est une question qui tient très à cœur du Président de la République et il en avait fait sa deuxième priorité en terme d’accès aux soins. Les dépassements (2 milliards d’euros par an) doivent être régulés. Un ultimatum avait été posé aux partenaires conventionnels qui ont douloureusement accouché d’un accord sur le secteur optionnel au 15 octobre 2009. Sauf que la ministre le jugeant « insuffisant » n’a jamais donné suite.
• Régionaliser la santé : doit faire ses preuves
Tout le monde en parlait depuis presque vingt ans, Roselyne Bachelot l’a fait. Sa loi « Hôpital, patients, santé et territoires » a créé les 26 agences régionales de santé (ARS) qui sont entrées en fonction en avril dernier. Sur le papier, tout est en place pour décloisonner la ville et l’hôpital. Mais en fait de régionalisation,c’est plus de la déconcentration que de la décentralisation. Et au final, les prérogatives des ARS sur la médecine de ville restent assez limitées.
• Remettre les syndicats autour de la table : des efforts, mais peu de résultats
Dès son arrivée avenue de Ségur, Roselyne Bachelot a su convaincre MG France et FMF de revenir à la table des négociations. Et un avenant sur la permanence des soins est même signé par tout l’échiquier syndical en décembre. Pourtant, dès dès 2008, la machine conventionnelle se bloque. Un an plus tard, la CSMF et le SML dénoncent la convention de 2005. Les résultats des élections aux URPS d’octobre 2010 leur donnent l’avantage. Mais même le directeur de l’UNCAM n’envisage pas qu’une nouvelle convention puisse être signée avant au mieux fin 2011.
• Relancer le DMP : beaucoup de bonne volonté
Lorsqu’elle arrive au ministère, Roselyne Bachelot veut renouer avec le réalisme. Le DMP est « au point mort » dit-elle alors, mais elle compte « le relancer très vite ». On l’annonce en 2008 pour 2009, puis en 2009 pour 2010. Aux dernières nouvelles, c’est pour décembre. « Les patients vont disposer d’un accès direct à leur DMP via internet, avait même précisé la ministre en juillet. Un accès qui sera déployé progressivement en 2011 ».
• Refondre la FMC : des idées neuves… à concrétiser !
Coup de théâtre en mai 2008. « Les professionnels de santé n’ont pas besoin d’être surveillés comme des enfants et que l’on vérifie s’ils ont bien effectué telle ou telle démarche de formation », déclare-t-elle au sujet de la FMC dans un discours à Hôpital Expo. En une phrase, s’en est fini des crédits formation de la FMC obligatoire. Mais rien pour la remplacer depuis. Par la grâce de la loi HPST, la FMC devient en juillet 2009 le DPC pour « développement professionnel continu » et se recentre davantage sur l’évaluation des pratiques. Problème : on attend toujours les décrets d’application dont les premières versions avaient suscité une levée de boucliers.
• Gérer les crises sanitaires : un plan de bataille à améliorer
Sur le dossier de la grippe A, Nicolas Sarkozy a été d’un soutien sans faille pour sa ministre. « J’ai demandé à Roselyne Bachelot de prendre toutes les décisions qui s’imposaient, a dit le chef de l’État en janvier 2010. On a trop de vaccins ? Eh bien on annule les commandes. Mais il n’y a pas un seul Français qui puisse dire à la ministre de la Santé, j’ai voulu être vacciné, je n’ai pas pu être vacciné ». Peu contesté sur la décision de proposer la vaccination à toute la population, on a en revanche beaucoup reproché à Roselyne Bachelot de ne pas avoir inclus les généralistes dans un dispositif en outre bien peu économe (61 euros la dose selon la Cour des comptes).
• Respecter le calendrier des réformes : une ministre plutôt ponctuelle
La loi « Hôpital, patient, santé et territoires » a été votée sans trop de retard en juillet 2009 mais suivant la procédure d’urgence. En revanche, les textes d’application n’ont pas tous été publiés un an après comme promis. La réforme de la bioéthique est moins à l’heure. Elle devrait finalement être débattu en février, tout juste avant que n’expire le moratoire sur la recherche sur les embryons.
• Etre présente sur le terrain : n’a pas ménagé sa peine
On ne peut pas dire que la ministre a lésiné sur les visites des blouses blanches. Elle a pris l’habitude dès le début de sa concertation en vue de la loi HPST de faire un déplacement par semaine sur le « terrain » -souvent le lundi- en prenant soin de ne pas oublier la médecine ambulatoire.
• Travailler les relations avec le monde de la santé : des partenaires pas convaincus
En dépit de ses sourires toujours chaleureux, Roselyne Bachelot n’a pas réussi à séduire tout le monde. Dans son camp, son pire adversaire est l’urologue parisien Bernard Debré qui n’a pas hésité à attiser la fronde des mandarins contre la loi HPST. Le mois dernier, les infirmiers anesthésistes utilisaient encore la manière forte pour faire entendre leurs revendications. Et c’est pour ne rien dire des relations glaciales entre la pharmacienne et le président de la CSMF
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