LA BALLE a changé de camp. En remettant à Nicolas Sarkozy, vendredi dernier, son volumineux rapport sur la médecine de proximité (1), le Dr Élisabeth Hubert, qui n’a pas ménagé sa peine pour mener à bien sa mission (15 déplacements, 80 rencontres) a placé l’exécutif devant ses responsabilités.
Car si ses recommandations sont plutôt consensuelles pour redonner confiance à la profession et combattre la désertification – la coercition est écartée –, le champ balayé est immense, de la refonte des études médicales à un nouveau schéma de rémunération, de la protection sociale des médecins à la télémédecine, des coopérations à la sécurisation des conditions d’installation, de la progression de carrière à la cession de clientèle (lire ci-dessous). Sans oublier la contractualisation régionale !
L’originalité de ce rapport est qu’il se présente comme une feuille de route structurée « pour les dix années à venir » et non pas comme une énième boîte à outils où les pouvoirs publics pourraient faire librement leur marché. C’est à la fois la force de cette contribution (tout est lié, tout est important, fait valoir Élisabeth Hubert) et sa faiblesse dès lors que les propositions ne sont pas financées ou juridiquement sécurisées.
L’ancienne ministre de la Santé insiste sur la cohérence de son projet. « Si on ne prend qu’une seule de ces mesures, on se plantera » a-t-elle mis à garde aussitôt son rapport remis.
Nouveau déplacement « santé ».
L’Élysée a salué le travail accompli et annoncé sa volonté d’agir. Le sort de la médecine de proximité est une des priorités affichées de la fin du quinquennat. Jusqu’où ? Nicolas Sarkozy veut que des « mesures fortes puissent être prises dès 2011 » sur la simplification des conditions d’exercice, la modernisation des systèmes d’information (point fort du rapport), l’appui à l’exercice regroupé des professionnels, la valorisation de la formation initiale de la médecine générale ou encore l’aide à l’installation dans les zones sous-denses. Trois ministres – Xavier Bertrand et Nora Berra à la Santé, Valérie Pécresse à l’Enseignement supérieur – sont chargés par l’Élysée d’engager « très rapidement les concertations » pour mener à bien ces chantiers (certains relèvent de la convention médicale, d’autres de la loi ou du règlement).
Dès mercredi, le chef de l’État déclinera les « priorités » à l’occasion d’un déplacement santé dans le Calvados, à Orbec, où Nicolas Sarkozy visitera le pôle de santé libéral et ambulatoire. La Basse-Normandie joue en effet un rôle pilote pour l’instauration de ces pôles libéraux regroupant (de façon physique ou virtuelle) quinze à vingt professionnels de santé. Une façon pour le président de la République d’asseoir la légitimité de ce mode d’exercice coopératif et pluridisciplinaire et de donner de nouvelles garanties aux médecins concernés.
(1) Consultable sur le site le www.lequotidiendumedecin.fr
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