PAS DE TOILETTE fuchsia, mais un tailleur pantalon marine à bandes blanches : pour son retour aux affaires, Roselyne Bachelot s'est concocté un nouveau style, plus sobre.
Le sourire reste gourmand, et le regard rieur. Elle qui se serait bien vue à l'Environnement, aux Affaires sociales ou à la Culture, a finalement récupéré le portefeuille Santé, Jeunesse et Sports. La voici numéro onze du gouvernement Fillon. Le casting, somme toute, lui convient très bien. Roselyne Bachelot a déjà fréquenté l'Avenue de Ségur quand elle s'occupait d'une mission sur le handicap. Elle a été pharmacienne à Angers, avant d'animer divers groupes de travail consacrés à la santé au sein du RPR. Ce qui lui a permis de se frotter aux dossiers qui l'attendent maintenant – le médicament, l'hôpital, la santé publique notamment. Aujourd'hui, c'est avec un plaisir affiché que Roselyne Bachelot aborde ce retour «à la maison».
La passation des pouvoirs, vendredi, s'est déroulée sans frasques. Philippe Bas a salué chez son successeur «la compétence» et «l'engagement». La nouvelle ministre a poliment retourné le compliment, se déclarant prête à se lancer dans «la nouvelle aventure» qui l'attend.
Tous deux devaient se réunir hier, pour discuter du fond des dossiers. Roselyne Bachelot dévoilera ses premières orientations dans les prochains jours. Vendredi, face aux fonctionnaires réunis pour le passage de témoin, elle a indirectement commenté le départ de la direction de la Sécurité sociale (DSS), qui passe sous la houlette du ministère des Comptes publics : «Il y a deux écueils à éviter: faire de ce nouveau périmètre ministériel un champ de bataille, ou cultiver l'indifférence.»
Pour le reste, le carnet de route est connu. Il a été tracé par Nicolas Sarkozy pendant la campagne. La première des priorités sera d'instaurer les franchises sur les soins, pour «responsabiliser les Français».
Connaissance des dossiers.
Le chemin s'annonce escarpé : les résistances sont multiples, y compris chez les médecins. Pour toucher au but, Roselyne Bachelot peut compter sur sa connaissance des dossiers. Il lui faudra prendre contact avec les syndicats médicaux, qui la connaissent mal. Et peut-être, se départir de cette image de gaffeuse impénitente qui lui colle à la peau, et qui fait dire à certains, avant même sa prise de fonctions, que sa nomination à la Santé est une erreur de casting. Le sonotone de Jacques Chirac, la « propreté » – toute relative – du nucléaire, c'était elle. L'impérieuse nécessité de garer les voitures à l'ombre en cas de canicule, encore elle. Les Guignols lui ont réservé des flèches acérées, quand elle était au gouvernement Raffarin – Roselyne Bachelot a été ministre de l'Ecologie et du Développement durable de 2002 à 2004.
Ses partisans préfèrent souligner ses positions engagées, parfois à contre-courant de son propre camp. C'est seule à droite, et dans les larmes, que Roselyne Bachelot a voté le Pacs. C'est seule encore qu'elle a soutenu la loi Evin. Une liberté de ton cher payée : ses déclarations iconoclastes lui ont valu d'être clouée au pilori par la Chiraquie. Débarquée du gouvernement Raffarin en 2004, Roselyne Bachelot s'est recentrée sur son mandat européen, en attendant des jours meilleurs.
L'heure de son retour aux affaires intérieures a donc sonné. D'aucuns n'hésitent pas à défendre la nouvelle ministre, en expliquant que la Santé lui siéra davantage que l'Environnement.
Reste cette question, qui brûle beaucoup de lèvres : saura-t-elle mettre sa langue dans sa poche, et se plier à la ligne gouvernementale ? La ministre est attendue au tournant. Le moindre faux pas, la première incartade lui seront chèrement reprochés.
Dans ce nouveau combat, Roselyne Bachelot part avec un avantage certain : François Fillon est son allié. Le Premier ministre et la ministre de la Santé, qui incarnent tous deux l'aile sociale du gouvernement, et qui, tous deux, se sont ralliés sur le tard à Nicolas Sarkozy, partagent le même ancrage dans les Pays de la Loire – lui comme ancien maire de Sablé-sur-Sarthe et ancien député de la Sarthe, elle comme ancienne députée du Maine-et-Loire, aujourd'hui députée européenne du grand Ouest. On les dit proches amis.
Des appuis angevins, Roselyne Bachelot en trouvera également au sein même de son nouveau ministère : Annie Podeur, la directrice de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos), a dirigé les services départementaux du Maine-et-Loire de 1993 à 1997, à une époque où Roselyne Bachelot était députée du département. Nul doute que de telles accointances facilitent la prise de contact.
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