« Ce qui m'a laissé le souvenir le plus marquant, ce n'est pas ma première greffe de foie, en 1974, mais ma première greffe de foie partagé, le 1er mai 1988. Ce jour-là, nous avons reçu une jeune femme qui présentait une hépatite fulminante et qu'il fallait greffer en urgence. Nous avons donc lancé une recherche de foie en superurgence. Comme nous n'avons rien trouvé en France, nous avons lancé un appel à l'étranger. En fin de matinée, nous avons reçu une réponse de Suisse, nous informant qu'il y avait un donneur et que nous pouvions prendre son foie pour notre patiente. Nous avons donc envoyé une équipe pour le prélever. Mais arriva à l'hôpital une deuxième jeune femme présentant, elle aussi, une hépatite fulminante sévère, avec coma et légère mydriase. Nous nous sommes alors trouvé devant un dilemme : laquelle des deux fallait-il transplanter avec ce foie ? Dans un premier temps, je me suis dit que je prendrai ma décision en fonction du degré de gravité et des chances de succès. Or, quand nous avons reçu le foie, il pesait 2,2 kg. Il était donc beaucoup trop gros pour l'une ou l'autre de nos patientes qui pesaient toutes les deux entre 50 et 60 kg. Nous devions donc, quelle que soit la patiente que nous aurions dû choisir, faire une réduction de foie, c'est-à-dire en garder une moitié pour greffer une patiente et jeter l'autre moitié alors que la deuxième patiente allait mourir. Cela aurait été un gâchis. J'ai donc décidé de couper le foie en deux avec les vaisseaux et de greffer une moitié à chacune des deux patientes. Ce que nous avons fait. C'était le jugement de Salomon. »
« Après la transplantation, les deux patientes sont sorties du coma, ce qui signifie que le greffon a marché. La première patiente est malheureusement morte au bout de dix jours ; l'autre est décédée d'une infection fulminante à CMV. »
Il se trouve que, deux mois auparavant, un chirurgien allemand, le Pr Pichlmair, avait réalisé lui aussi une greffe de foie partagée entre un adulte et un enfant. Mais il ne l'avait pas encore publiée. De sorte que la littérature accorde la paternité des greffes de foie partagé à la fois à ce chirurgien allemand et au Pr Bismuth ; pour celui-ci, c'était le premier cas de foie partagé pour deux adultes.
L'homme réparé
Pr Henri Bismuth : ma première greffe de foie partagé
Publié le 14/06/2001
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Dr E. de V.
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 6937
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