C'EST UN EVENEMENT « quasi historique », selon les dires de Philippe Kourilsky, directeur général de l'institut Pasteur. Neuf mois à peine après la signature de la lettre d'intention, lors de la visite du président chinois en France, Jacques Chirac inaugure aujourd'hui le nouvel « institut Pasteur de Shanghai-Académie des sciences de Chine ». La rapidité exceptionnelle de la mise en œuvre de ce projet tient bien sûr à une volonté politique. Elle a aussi pour cause les relations anciennes entre Pasteur et le continent asiatique. Il a existé un premier institut Pasteur à Shanghai entre 1938 et 1950, l'institut Pasteur de Hô Chi Minh-Ville a été fondé en 1891 et celui de Hanoi en 1923. Beaucoup plus récemment, « lors de l'épidémie de sras, qui a montré la brutalité et la rapidité du phénomène infectieux, les équipes pasteuriennes ont été les premières sur le terrain et cela a créé un terrain très favorable à la coopération », souligne Philippe Kourilsky. L'inauguration de l'institut coïncide avec le début de l'année de la France en Chine. « J'espère que les chercheurs français, chinois et de tous les autres pays vont trouver un bel endroit pour travailler en faveur des peuples du monde entier », ajoute Wang Shaoqi, ministre conseiller scientifique et technique à l'ambassade de Chine. On l'a vu en effet lors de l'épidémie de sras, les maladies infectieuses se propagent aujourd'hui avec une très grande rapidité. « Progresser dans la connaissance des maladies émergentes est dans l'intérêt de tous », confirme Philippe Kourilsky.
C'est dans le champ de la virologie que se dirigeront en particulier les programmes de recherche de l'institut chinois : sras, grippe aviaire, sida, hépatites, encéphalites et fièvres hémorragiques, étudiés tant sur des aspects moléculaires que sur le plan de l'épidémiologie et de la prophylaxie.
L'institut Pasteur de Shanghai est un institut national chinois, à but non lucratif, doté d'une totale autonomie de fonctionnement et de gestion, sous la direction d'un conseil d'administration. En revanche, il est dirigé par un Français, Vincent Deubel, qui a consacré une grande partie de ses travaux de recherche aux virus responsables de fièvres hémorragiques et d'encéphalites émergentes et a dirigé l'unité de biologie des infections virales émergentes (Ubive) de l'institut Pasteur de Lyon. Directeur général, Vincent Deubel est épaulé par un codirecteur chinois, le Dr Jingwu Z. Zang, immunologiste et spécialiste mondial de la sclérose en plaques.
De nombreux candidats.
L'institut bénéficie d'un large financement des autorités chinoises, essentiellement l'Académie des sciences de Chine et la ville de Shanghai. Côté français, il est soutenu par plusieurs mécènes privés (Lvmh, Areva et le comité d'honneur de l'année de la France en Chine). Le programme de recherche sera décidé conjointement par l'institut Pasteur de Paris et l'Académie des sciences de Chine. A terme, l'institut de Shanghai a aussi pour vocation d'intégrer le réseau international des instituts Pasteur, qui en compte déjà vingt-cinq dont cinq en Asie. Les chercheurs sont actuellement en cours de recrutement selon un appel d'offres international et les candidats sont déjà très nombreux. L'effectif de l'institut, installé dans un bâtiment de 3 500 m2 non loin de l'université médicale Shanghai-2 et de l'hôpital Rui Jin, devrait atteindre 160 personnes d'ici à trois ans.
Conférence de presse « Inauguration de l'institut Pasteur de Shangai-Académie de médecine des sciences de Chine », mercredi 6 octobre 2004.
Une collaboration bien installée
L'Institut Pasteur développe déjà de nombreuses collaborations de recherche avec la Chine. Pour n'en citer que quelques-unes : le centre de recherche université de Hongkong-Pasteur, qui travaille notamment sur le sras et l'hépatite C ; le pôle franco-chinois en génomique et sciences du vivant (avec l'Inserm et le Cnrs), qui va être installé à Shanghai également ; le réseau franco-chinois, coordonné par Arnaud Fontanet (Pasteur) et Hu Zhihong (institut de virologie de Wuhan), créé à la fin de 2003 avec pour principal objectif l'identification d'un éventuel réservoir animal du virus du sras.
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