André Rossinot, ORL, maire radical valoisien de Nancy : « Les gens veulent être écoutés. »
«Aujourd'hui, il y a un rejet général de la technocratie et de l'énarchie; donc, être médecin, c'est forcément un atout! Les gens, abreuvés de médias et d'Internet, veulent qu'on les écoute. Pour un médecin, observer, ausculter, questionner, évaluer, rendre compte, c'est la base. Cela n'empêche pas de présenter des dossiers très bien ficelés! Moi, je dis toujours que je veux marier l'humain et l'urbain à Nancy... Nous allons devoir nous occuper d'une génération supplémentaire, gérer le handicap, le grand âge, il y a aussi une demande très forte de solidarité entre les générations. Tout praticien est sensibilisé à ces thématiques. Mon étiquette de médecin persiste toujours [André Rossinot a arrêté d'exercer en devenant maire en 1983], des habitants viennent me dire “vous avez soigné ma mère, mon père” , je retrouve d'anciens patients que j'ai opérés... c'est très constructif et chaleureux.»
Gérard Bapt, cardiologue, maire PS de Saint-Jean, près de Toulouse : « Une attitude spontanée d'ouverture. »
«Pour gérer une ville, je suis persuadé que le fait d'être médecin apporte quelque chose dans l'approche singulière de la personne, l'écoute des gens et même l'“interrogatoire”. C'est forcément un atout pour administrer une commune et prendre des décisions concrètes. Par rapport à certains experts bardés de certitudes, un médecin peut se sentir plus spontanément dans une attitude d'ouverture. Par ailleurs, en tant que médecin, j'ai une sensibilité particulière aux questions d'accès aux soins et de santé publique qui prennent une importance croissante. J'ai lancé dans ma ville une expérimentation de lutte contre l'obésité infantile, alors que ce thème n'était pas au devant de la scène; et je lance une autre expérimentation pour la prise en charge bucco-dentaire pour les plus de 70ans parce que j'ai moi-même été sensibilisé à ce sujet lors d'une réunion de la Société française de santé publique. Le fait d'être médecin procure-t-il un avantage électoral pour la mairie? Il est limité, sauf dans les petites ou moyennes communes rurales lorsque le médecin libéral est installé depuis des années...»
Bernard Accoyer, ORL, maire UMP d'Annecy-le-Vieux : « Le médecin connaît pas mal de monde, ça aide... »
«La vraie question, c'est la qualité de l'engagement public! Cela exige une écoute totale pour prendre en considération la dimension humaine en toutes circonstances: de ce point de vue, le médecin est... prédestiné, du moins très ouvert. C'est plutôt un atout pour diriger une commune. J'ajoute que le médecin connaît quand même pas mal de monde, ça aide. Peut-on concilier les deux carrières [médicale et politique] ? Je l'ai fait pour ma part pendant plusieurs années, mais ça demande de travailler énormément. C'est beaucoup de temps pris sur la vie personnelle et familiale.»
Jean-Claude Antonini, généraliste, maire PS d'Angers : « De bons contacts. »
«Etre médecin, puis maire, c'est dans la même lignée. Cela répond à une logique de service, avec le passage d'une échelle individuelle à une échelle collective. C'est parce que je m'occupais de la vie des Angevins en tant que médecin que j'ai eu envie de devenir leur maire: on agit globalement sur l'emploi, le logement, on a plus de moyens. Tant que j'étais premier adjoint au maire, je consultais encore. Devenu maire, j'ai dû renoncer à m'occuper des gens individuellement, car c'est du temps plein. J'avais sûrement plus de gratification comme généraliste, car les services que rend le maire sont un dû: les gens payent leurs impôts, ils sont moins reconnaissants. Ce que m'a apporté ma carrière médicale? De bons contacts avec les gens. Et une méthode –diagnostic, action, prévention– que j'applique en mairie.»
Simon Renucci, pédiatre libéral, maire divers gauche d'Ajaccio : « Avoir été médecin, cela m'a sûrement aidé. »
«Avoir un parcours initial médical vous initie à la chose publique. En tant que médecin, j'étais très engagé. J'ai participé à la fondation des unions régionales des médecins libéraux [URML, NDLR] , et donc à la mise en place de l'évaluation des médecins, et de leur formation. J'ai fait du syndicalisme [à la CSMF] . J'ai été membre du conseil d'administration de l'ANAES [Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé] . Tout cela favorise la conduite de réunions, le dialogue, la vision collective. Avoir géré des unions professionnelles et avoir baigné dans un monde syndical dont chacun sait que ce n'est pas une mer calme, et où les relations avec les pouvoirs publics sont complexes, vous arme pour faire ensuite de la politique. Le passage d'une carrière à l'autre a été naturel pour moi. J'ai arrêté la pédiatrie en 2002. Avoir été médecin, cela m'a sûrement aidé à conquérir Ajaccio [qui était ancrée à droite, NDLR] : les enfants dans la rue m'appelaient “Tonton Simon”. L'éthique, la défense de l'intérêt commun, sont appréciées en politique.»
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