C'EST UN ANCIEN salarié du groupe Générale de santé qui a alerté « le Parisien » cette semaine. Le journal revient sur l'affaire dans son édition de mardi, et relance la polémique.
Mais y a-t-il vraiment polémique ? Les avis sur la question divergent. Le point de départ, en revanche, fait consensus. Les faits sont anciens. En 2001, un système de centralisation informatique des paiements est mis en place pour le système hospitalier privé. Mais le projet est mal monté : un gigantesque cafouillage national s'ensuit. Des cliniques ont été payées deux, voire trois fois, pour certains actes, quand d'autres factures ne leur ont pas été payées. L'assurance-maladie le confirme aujourd'hui, le secteur hospitalier privé aurait ainsi reçu plusieurs millions d'euros en trop entre 2001 et 2003, jusqu'à ce que le bug soit résolu. Régularisation a été faite depuis, mais il resterait «1million d'euros d'argent non récupéré par les caisses» à ce jour, d'après « le Parisien ».
Refus en cascade.
L'ancien salarié de Générale de santé qui relance la polémique, Slim Ghedamsi, a travaillé au pôle audits du groupe de cliniques pendant des années. Slim Ghedamsi aurait alerté sa direction sur l'existence de ces trop-perçus lorsqu'il était en poste, mais il affirme s'être heurté à un mur de silence. Contacté par « le Quotidien », cet homme se bat aujourd'hui «pour que justice soit faite». «J'ai dénoncé ces pratiques, mais le groupe a triché et a transformé ces sommes trop perçues en profits. Générale desanté doit rembourser l'assurance-maladie», estime Slim Ghedamsi.
Le scénario, à première vue assez simple, est en réalité plutôt trouble. D'abord, parce que le groupe Générale de santé affirme avoir remboursé l'intégralité de sa dette aux caisses. «Aujourd'hui, nous ne devons plus rien», certifie Emmanuel de Geuser, directeur financier du groupe. Ensuite, parce que Slim Ghedamsi, débarqué de Générale de santé en 2006, est en procès contre son ancien employeur. Il va contester son licenciement aux prud'hommes la semaine prochaine. Ce qui entame quelque peu le crédit de sa démarche.
C'est du moins ce que suggère Emmanuel de Geuser, directeur financier de la Générale : «Slim Ghedamsi essaye de faire mousser un sujet remontant à 2001 qui n'a rien à voir avec son licenciement intervenu en 2006. Il fait un regrettable amalgame.» A la justice de trancher : le tribunal examinera le cas Ghedamsi ces jours-ci.
Du côté de l'assurance-maladie en tout cas, on affirme que tout est rentré dans l'ordre. Tout, ou presque : il reste tout de même «quelques litiges» qui concernent une poignée de cliniques privées, ici ou là sur le territoire, «pour un montant de moins de 1million d'euros». La CNAM ne précise pas si certains de ces établissements font partie du groupe Générale de Santé.
Le flou est décidément de mise. Chaque acteur jure de sa bonne foi et de sa transparence. Mais les chiffres restent secrets. L'Union des familles laïques (UFAL), qui crie au scandale, certifie que ses remontées du terrain confirment le montant de 10 millions d'euros, mais elle n'en apporte pas la preuve. De même, Slim Ghedamsi dit avoir en sa possession des documents compromettant pour la Générale de Santé, mais il refuse de les communiquer. De son côté, Générale de Santé refuse de donner des chiffres précis, arguant du fait que cela pourrait plonger l'assurance-maladie dans l'embarras. Laquelle refuse à son tour de se prononcer sur le montant exact des sommes trop perçues par les cliniques entre 2001 et 2003. Cité par « le Parisien », le directeur de la répression des fraudes à la CNAM, Pierre Fender, parle de 10 millions d'euros. «Nous ne confirmons pas ce chiffre», disait la CNAM mardi. Bref, la confusion règne à tous les échelons. Le procès qui s'ouvre aux prud'hommes ces jours-ci permettra peut-être d'y voir un peu plus clair.
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