Surveillance de la tuberculose

Malgré la baisse, la vigilance est de mise

Publié le 12/06/2012
Article réservé aux abonnés
1339463528356511_IMG_85740_HR.jpg

1339463528356511_IMG_85740_HR.jpg

1339463529356543_IMG_85756_HR.jpg

1339463529356543_IMG_85756_HR.jpg

LES DONNÉES de surveillance de la tuberculose témoignent d’une baisse des cas déclarés en 2009 et en 2010. « L’augmentation des taux de déclaration dans un certain nombre de départements franciliens, même si elle est très limitée, et les taux élevés retrouvés parmi les personnes nées à l’étranger et récemment arrivées en France doivent cependant inciter à ne pas relâcher les efforts de lutte antituberculeuse dans un contexte de fortes disparités, en s’appuyant sur le travail des centres de lutte antituberculeuse », préviennent toutefois les épidémiologistes Delphine Antoine et Didier Che qui présentent, dans le BEH, les résultats nationaux sur les cas déclarés de tuberculose en 2010 en France. Ainsi, le nombre de cas déclarés était de 5 187 (8,1 pour 100 000), soit une baisse de 1,7 % par rapport à 2009 (8,2 pour 100 000). Comme les années précédentes, les régions avec les plus forts taux de déclaration sont l’Ile-de-France (16,3 pour 100 000) et la Guyane (15,9 pour 100 000). Les taux de déclaration dans toutes les autres régions sont inférieurs à 10 nouveaux cas pour 100 000 habitants. Les taux de déclarations sont élevés (› 50 pour 100 000) parmi les personnes sans domicile fixe et celles nées à l’étranger, notamment dans des pays à forte prévalence de tuberculose. « La baisse du nombre de cas de tuberculose en 2010 ainsi que l’amélioration de la qualité des données de surveillance sont des éléments encourageants », soulignent les auteurs. Ils estiment cependant nécessaire de garantir l’accès aux soins pour tous et en particulier pour les populations les plus exposées. « Cela permettra le diagnostic précoce et la mise rapide sous traitement adéquat et complet, principes de base de tout programme de lutte antituberculeuse, qui permet de limiter la transmission du bacille dans la population et le développement de formes résistantes de tuberculose ».

Chez les moins de 5 ans.

L’InVS a également entrepris une étude pour suivre l’impact épidémiologique de la suspension de l’obligation vaccinale par le BCG et sur les niveaux de couverture vaccinale (CV) des enfants à risque (Jean-Paul Guthman et col.). Les épidémiologistes ont analysé les données de vente de vaccins, celles issues des certificats de l’enfant et les données issues d’enquêtes de CV par sondage. « Les données ne montrent pas d’impact des nouvelles modalités de vaccination au-delà de ce qui était attendu. Cependant, les niveaux de CV des enfants à risque sont insuffisants et impliquent de renforcer l’information sur les nouvelles modalités vaccinales », indiquent-ils. Le vaccin BCG par multipuncture a été retiré du commerce en 2006 et l’obligation vaccinale a été remplacée, en 2007, par une recommandation forte de vaccination des enfants à risque. En 2010, le nombre de cas de tuberculose chez les enfants de moins de 5 ans est stable par rapport à la période 2000-2005. Le nombre de cas a augmenté hors Ile-de-France, où la part des sujets vaccinés parmi les cas diminue. Le nombre de formes graves reste très faible. Les données provisoires des certificats de santé montrent que 79 % des enfants âgés de 9 mois d’IdF nés en 2010 avaient été vaccinés par le BCG. Hors IdF, les études montrent des niveaux de CV parmi les enfants à risque très insuffisants (32 % parmi les enfants vus en médecine générale ; 62 % en PMI).

Concernant la résistance aux antituberculeux, elle reste « généralement à un taux faible en France, ce qui souligne l’efficacité du système de lutte antituberculeuse », soulignent les auteurs de l’étude dirigée par Nicolas Veziris. Actuellement en France, le principal farceur de risque de résistance reste le fait d’avoir reçu des antituberculeux. La résistance à l’isoniazide est de 18 % dans la population déjà traitée contre 5 % dans la population n’ayant jamais eu d’antituberculeux. Les patients dont le pronostic est aggravé sont principalement les patients multirésistants, « qui ne représentent heureusement qu’une cinquantaine de cas par an en France ». La prise en charge de ces cas bénéficie de l’expertise d’équipes spécialisées tant sur le plan diagnostique, bactériologique, que sur le plan thérapeutique, rappellent les auteurs.

STÉPHANIE HASENDAHL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9140