Depuis cette année, les internes en médecine générale de Strasbourg doivent suivre, au dernier semestre, cinq journées obligatoires de préparation à l’installation.
À l’occasion de ses 20 ans, l’URML a organisé des Assises afin, notamment, de donner le goût aux internes en fin de cursus d’embrasser la carrière libérale.
De fait, la majorité des futurs praticiens ignore tout des réalités quotidiennes de la médecine de ville, même si de nombreuses institutions, dont l’Union, l’Ordre, l’agence régionale de la santé et les caisses primaires proposent des informations et des aides.
Les « juniors » ont en revanche une idée assez précise de la manière dont ils souhaitent travailler. S’ils rejettent majoritairement le salariat pur et simple, ils rêvent d’un exercice libéral ou mixte dégagé des contraintes administratives et bureaucratiques, et privilégient des modes de rémunération diversifiés plutôt que le paiement à l’acte exclusif, comme l’ont montré ces Assises.
Selon le Dr Charlotte Dumez, auteur d’une thèse menée en Alsace sur les aspirations des jeunes médecins, ceux-ci sont ouverts à un exercice partagé dans plusieurs lieux, par exemple deux jours par semaine dans un endroit et deux jours dans un autre. Ils plébiscitent les cabinets de groupe et ne souhaitent plus travailler 60 heures par semaine, et ce quel que soit le sexe. « Les hommes veulent, autant que nous, avoir le temps de vivre et de mener d’autres activités », précise-t-elle. Point très encourageant : en Alsace, 70 % des futurs généralistes souhaitent s’installer dans la région, et 50 % d’entre eux envisagent un exercice dans des zones rurales déficitaires.
Pas de modèle unique
Les Assises de l’URML ont permis de débattre des divers modes d’exercice, laissant parfois les discours syndicaux reprendre le devant, notamment lorsqu’il fut question des maisons de santé pluridisciplinaires. La région compte déjà 6 MSP et 12 autres devraient ouvrir dans les trois ans à venir. Pour les Drs Pierre-Paul Schlegel et Pascal Charles, président et vice président de l’Union, mais aussi leaders de la CSMF en Alsace, « le financement des MSP n’est pas pérenne et menace l’indépendance des médecins ». Un débat vif a opposé partisans et détracteurs de ces structures. Jeunes ou déjà installés, les libéraux écartent en tout cas tout modèle d’organisation unique.
Les Assises ont confirmé des points forts de consensus. Les libéraux s’accordent sur l’importance des coopérations professionnelles et des aides nécessaires pour financer le secrétariat et le travail coordonné en équipe. La gestion de la « paperasse » reste un point noir : le Dr Charles fait valoir que sur 15 minutes de consultation, la moitié est souvent perdue en tâches administratives. Regagner du temps médical, grâce à un secrétariat, réduirait les problèmes démographiques. Mais selon une enquête de l’URPS médecins de Rhône-Alpes sur le secrétariat médical, un quart des praticiens libéraux s’en passe totalement. Seule une petite moitié (45 %) dispose d’un secrétariat physique au sein du cabinet, 24 % sont utilisateurs de télésecrétariat.
* Seules les URML de Basse Normandie et d’Alsace ont gardé leur appellation d’origine après la réforme des URPS. « Dans URML, il y a le mot libéraux, et nous avons tenu à conserver ce terme pour cette raison », explique le Dr Schlegel.
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