Après avoir dressé un tableau alarmant de l'épidémie de VIH/sida à travers le monde, l'ONUSIDA s'associe à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour faire de l'accès au traitement une urgence mondiale. Les deux organisations ont dévoilé un plan détaillé visant à atteindre l'objectif des 3 millions de personnes traitées d'ici à 2005 dans les pays en voie de développement et les pays en transition.
« Six millions de personnes dans le monde ont un besoin immédiat de traitement. »
La stratégie devrait permettre, dans un premier temps, de fournir un traitement à la moitié d'entre elles au cours des deux prochaines années. « Nous croyons fermement que nous n'avons aucune chance de freiner l'épidémie si nous n'arrivons pas à étendre de façon spectaculaire l'accès au traitement, souligne le Dr Peter Piot. Le traitement et la prévention sont les deux piliers d'une stratégie efficace contre le SIDA. »
Les données de l'expérience montrent qu'en accroissant rapidement l'accès au traitement antirétroviral le nombre de personnes qui désirent connaître leur statut sérologique augmente. De même, les sujets bénéficiant d'un traitement efficace ont plus de chances d'être moins infectieux et de moins propager le virus. « Le traitement peut donc contribuer à une accélération de la prévention. »
Schémas thérapeutiques simplifiés
L'une des mesures les plus importantes du plan d'action que comptent mettre en uvre l'OMS et l'ONUSIDA est une simplification des recommandations thérapeutiques. Quatre schémas, au lieu de trente-cinq, sont désormais recommandés. Ils seront choisis en fonction des particularités du malade et des disponibilités du pays. Pour le conditionnement des médicaments, l'OMS recommande des associations à dose fixe ou des plaquettes thermoformées faciles à utiliser lorsqu'elles sont disponibles.
Un autre élément clé est la simplification de la surveillance. Dans les situations où les tests plus compliqués et coûteux (évaluation de la charge virale et numération des CD4) ne sont pas encore disponibles, il est recommandé d'avoir recours aux tests plus simples (échelle calorimétrique sur une prise de sang) associés à des évaluations cliniques (vérification du poids du patient). S'ils sont effectués par des agents de santé qualifiés, ils permettent une bonne surveillance de l'évolution, de l'efficacité du traitement et de ses effets secondaires.
La formation de dizaines de milliers d'agents de santé communautaires non médicaux viendra donc appuyer la fourniture et la surveillance du traitement. « La participation des communautés et des agents communautaires est indispensable au succès de l'initiative », et constitue un des aspects les plus novateurs de la stratégie.
Enfin, la création d'un service mondial de médicaments et de produits diagnostiques (AMDS), dont les opérations seront assurées par l'OMS, l'UNICEF et les autres partenaires, viendra compléter le dispositif. Son rôle est d'aider les pays à prévoir et à gérer l'approvisionnement et la fourniture des produits nécessaires au traitement et au suivi de l'infection. L'AMDS comprendra également un service d'évaluation des médicaments et des produits diagnostiques garantissant que les fabricants, les produits, les organismes d'achat et les laboratoires respectent les normes internationales en matière de qualité, d'innocuité et d'efficacité.
Cependant, quelque 5,5 milliards de dollars américains seront nécessaires au cours des deux prochaines années pour mener à bien la stratégie mise en place. « Nous savons ce que nous devons faire, mais ce qu'il nous faut maintenant, d'urgence, ce sont les ressources », martèle le Dr Lee Jong-wook, directeur général de l'OMS, qui en appelle à toutes les alliances solides et les sources possibles : pays, gouvernements donateurs, organismes multilatéraux de financement.
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