Hommes-femmes, les chiffres de l'INSEE

L'inaccessible parité

Publié le 20/02/2008

Article réservé aux abonnés

Moins d'emploi, plus de tâches domestiques

Bien qu'elles aient globalement de meilleurs résultats scolaires que les hommes et qu'elles fassent plus souvent des études supérieures (mais elles sont minoritaires dans les écoles d'ingénieurs), les femmes rencontrent plus de difficultés face à l'emploi : elles sont davantage touchées par le chômage ; 30 % de celles qui travaillent (11,6 millions) ont un emploi à temps partiel ; elles sont sous-représentées dans les postes d'encadrement ; dans le privé, elles ont des salaires inférieurs d'un quart en moyenne à celui des hommes (37 200 euros net par an contre 47 100).

Les tâches domestiques sont aussi toujours exercées majoritairement par les femmes, qui y passent chaque jour deux fois plus de temps que les hommes. Et, dans 57 % des couples, ce sont elles qui assurent l'essentiel de ces tâches.

En politique, des progrès sont enregistrés, mais, pour ce qui est de la représentation parlementaire, la France est encore loin derrière la Suède, qui, avec 47 %, atteint presque la parité : seulement 18,5 % des députés et 16,9 % des sénateurs sont des femmes. C'est mieux en ce qui concerne les conseils régionaux, féminisés à 47,6 %, notre pays devançant cette fois la Suède.

Des risques professionnels différents

Exerçant moins souvent des métiers physiquement pénibles, les femmes devraient être moins exposées aux risques professionnels. Elles représentent pourtant 58 % des cas de troubles musculo-squelettiques (TMS) reconnus comme maladies professionnelles (chiffre 2003) et leur probabilité d'être exposées au risque de TMS est de 22 % supérieure à celle des hommes. Elles sont en outre surreprésentées dans des professions exposant à des pénibilités spécifiques (longues stations debout, ports de charge, postures pénibles) : elles représentent trois quarts des professions intermédiaires de la santé et du travail social et 89 % des employées de services aux particuliers. Et elles font face à des contraintes organisationnelles spécifiques : contact avec le public impliquant de répondre sans délai à une demande extérieure, travail plus morcelé… A l'exception des cadres, elles sont plus nombreuses à subir une très forte demande psychologique et manquent plus souvent de latitude décisionnelle.

Des usages de substances psychoactives liés aux rôles sociaux

L'usage régulier de substances psychoactives est davantage un comportement masculin (avec des écarts très importants pour la consommation régulière d'alcool et de cannabis). Seule exception, les médicaments psychotropes, surtout consommés par les femmes, mais dont l'utilisation fait suite, pour trois utilisateurs sur quatre, à une prescription médicale. Les différences de comportements entre les sexes sont moins marquées dans les milieux favorisés que dans les milieux populaires. Et, dans l'ensemble, les modes de consommation apparaissent moins liés au sexe qu'aux rôles sociaux qui modèlent les rapports entre hommes et femmes. L'élévation dans l'échelle sociale se traduit, par exemple, par une diminution de la consommation régulière d'alcool pour les hommes et par une augmentation pour les femmes. Tandis que le chômage ou l'inactivité professionnelle (après 25 ans) augmente nettement le risque qu'ont les hommes de consommer des médicaments psychotropes et moins celui des femmes.

D'une manière générale, les conduites à risques (y compris la conduite automobile) sont davantage masculines.

D'autres différences

– Les femmes consultent plus souvent le médecin et sont plus souvent hospitalisées.

– Les principales causes de décès sont les tumeurs pour les hommes (35 % des décès masculins, 25 % des décès féminins) et les maladies de l'appareil respiratoire pour les femmes (32 % des décès féminins, 25 % des décès masculins).

– Globalement, 94 % des personnes condamnées pour crimes et 90 % des condamnés pour délits sont des hommes. Les femmes ne figurent en proportions notables qu'aux rubriques infractions en matière de chèques (36 % des condamnés), escroqueries ou abus de confiance (20 %) et homicides et blessures involontaires (18 %).

* Les données essentielles sont disponibles sur le site www.insee.fr, rubrique « La France en faits et chiffres ». L'ouvrage peut être commandé en ligne à la même adresse, rubrique « Produits et services ».

> R. C.