L’association entre glycémie élevée et cancer -mortalité comme incidence- s’appuie sur des données épidémiologiques, observationnelles récentes corroborées par les théories métaboliques et hormonales. Les recherches épidémiologiques sur une population japonaise ont conclu à un sur-risque de 27% chez l’homme et 21% chez la femme diabétique, par rapport aux non diabétiques, principalement de cancer hépatique (HR= 2,24), pancréatique (HR=1,85), rénal et du colon chez l’homme, du foie (HR= 1,94) et de l’estomac (HR= 1,61) chez la femme. A l’inverse, les cancers prostatique (H=0,82) et mammaire chez la femme (HR=0,83) étaient réduits chez les diabétiques. Une étude suédoise confirme chez la femme une augmentation significative du risque de cancer tous sites. Le risque de développer un cancer du pancréas est multiplié par presque 2,5 et le hazard ratio est de 1, 86 (1,09-3,31, p=0,019) pour celui de l’endomètre alors que celui de la prostate est réduit (HR=0,96 ; 0, 74-1,26 ; p=0,71). Une étude Coréenne a étudié les hazard ratio dans la partie haute (supérieure ou égale à 7,8 mM soit 1,40g/l) versus partie basse (moins de 5,5 mM) de la glycémie à jeun et chiffré respectivement une augmentation significative de 22% et 15% de l’incidence tous cancers et de 29% et 23% pour la mortalité, surtout pour ceux du pancréas et du foie. Enfin, une étude autrichienne trouvait, pour l’incidence tous cancers confondus, un sur-risque significatif de 20% chez l’homme et 28% chez la femme. Les deux sexes combinés, le hazard ratio du cancer du foie était de 3,56 et l’incidence du cancer des voies biliaires de 3,35 pour les glycémies les plus élevées.
« Toutes ces études épidémiologiques observationnelles, synthétise le Pr Dominique Simon (La Pitié, Paris) confirment le risque accru indiscutable de cancers digestifs (pancréas, foie, estomac, colon) et de mortalité par cancer tant chez le diabétique que les sujets non diabétiques mais ayant les glycémies les plus hautes. A l’inverse ce risque est diminué pour le cancer prostatique chez le diabétique, de 9,1% selon une méta-analyse récente ».
A l’exclusion du cancer de la prostate, la théorie métabolique peut expliquer les mécanismes possibles de l’association diabète-processus tumoral. « En cas d’hyperinsulinémie, détaille Dominique Simon, pour compenser une résistance à l’insuline, les taux d’IGF-1 vont augmenter, stimulant ainsi la prolifération cellulaire. Par ailleurs l’insuline va activer les insuline active IGF-1 récepteurs, connus pour avoir des effets de promotion cellulaire. Enfin, des excès d’insuline régulent à la baisse le taux d’IGF-1-Binding proteine 1, avec pour effet d’augmenter la liaison d’IGF-1 au récepteur IGF-1 ». Plusieurs études ont appuyé cette théorie et constaté cette association entre les taux circulant d’IGF-1 et de GH avec la mortalité par cancer.
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