De nombreuses études épidémiologiques et d'intervention ont montré que les acides gras insaturés en oméga 3, comme l'acide eicosapentanoïque (EPA) et l'acide docosahexaénoïque (DHA), contenus dans la chair de certains poissons, réduisent l'incidence des maladies cardio-vasculaires, en particulier celle des morts subites. Ces données suggèrent que ces acides gras seraient peut-être dotés de propriétés anti-arythmiques. C'est la raison pour laquelle M. Raitt et coll. (Portland, Oregon) ont réalisé une étude spécialement conçue pour préciser ce point.
Ils ont enrôlé 200 patients chez lesquels un défibrillateur avait été implanté dans le cadre d'une étude en double insu. Tous avaient une histoire récente de tachycardie ou de fibrillation ventriculaire. Ils ont aléatoirement reçu, soit une supplémentation en huile de poisson (1,8 g/jour), soit un placebo. La durée du suivi a été de deux ans. Les arythmies éventuelles ont été enregistrées par l'intermédiaire du stimulateur. L'observance du traitement et son éventuelle corrélation avec l'efficacité ont été appréciées par dosage des oméga 3 dans la membrane des globules rouges.
A l'issue des deux ans de suivi, l'incidence des arythmies (tachycardie ou fibrillation ventriculaire) a été de 66 % dans le groupe assigné à l'huile de poisson et de 60 % dans le groupe placebo (p = 0,19). Ainsi, selon ce travail, l'huile de poisson ne possède pas de propriété anti-arythmique. Au contraire, les anomalies rythmiques ont eu tendance à être plus nombreuses dans le groupe traité, la différence n'atteignant toutefois pas le degré de significativité statistique. Cette tendance a cependant été significative chez les sujets enrôlés après tachycardie ventriculaire (p = 0,007). Le seul sous-groupe dans lequel une tendance à la diminution des troubles du rythme a été constatée a été celui des patients qui avaient un antécédent de fibrillation ventriculaire avant l'inclusion.
Selon les auteurs, ce travail ne permet pas de déterminer le mécanisme par lequel l'incidence de la mort subite est plus faible sous huile de poisson. Ce résultat négatif ne doit toutefois pas faire remettre en cause les bénéfices de ce type de traitement, comme cela a été souligné dans la discussion qui a suivi la présentation.
D'après la communication de M. Raitt (Portland).
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