Après presque quatre mois de grève des gardes et plusieurs journées « santé morte », les syndicats de médecins, associés à d'autres organisations de professionnels de santé entendent faire de la grande manifestation nationale, qui aura lieu dimanche à Paris, une démonstration de force.
Organisée à l'appel de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), du Syndicat des médecins libéraux (SML), de la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), du Syndicat national des masseur-kinésithérapeutes rééducateurs (SNMKR), du Syndicat national des médecins biologistes (SNMB) et de l'Organisation nationale des syndicats d'infirmiers libéraux (ONSIL), la manifestation partira à 13 heures de la place Vauban pour se rendre place de la Bastille, au terme d'un parcours sur toute la rive gauche (voir schéma).
Le renfort des coordinations
Le défilé dans les rues de Paris pourra compter en outre sur le renfort des coordinations départementales de médecins généralistes, toujours très mobilisées, et de multiples autres organisations au premier rang desquelles le Centre national des professions de santé (CNPS), qui s'est finalement rallié au mot d'ordre. Les pharmaciens d'Ile-de-France, actuellement en grève, les ambulanciers privés, la Fédération nationale des infirmières, la Fédération des médecins de France, la Fédération des maternités et hôpitaux de proximité, l'Association de défense de la déontologie et des droits des malades ont également décidé de participer au défilé dans les rues de Paris.
Deux confédérations de salariés, la CFE-CGC et Force ouvrière, ont apporté leur soutien à une action qui entend rallier les professionnels mais également les assurés sociaux sous un slogan commun, « la santé avant tout ».
L'enjeu est d'importance pour les organisations syndicales de médecins engagées dans un fort mouvement de contestation depuis le 15 novembre, car c'est de la mobilisation obtenue dimanche que dépendra largement l'avenir du conflit qui les opposent aux pouvoirs publics.
« Si l'on est 3 000, c'est évident que l'on pourra considérer cela comme un échec ; si l'on est, au contraire, 50 000, ce sera un succès. Je pense que l'on sera plus proche de ce chiffre », estime le Dr Jean-Paul Hamon, l'un des porte-parole de la coordination nationale qui s'attend à une « grosse mobilisation ».
Vers une semaine de grève des soins
Souffrant depuis plusieurs années d'un déficit de revalorisation de leurs conditions d'exercice, les professionnels de santé veulent faire entendre leur malaise et montrer qu'ils ne se satisferont pas des mesures prises jusque-là, qu'il s'agisse de l'accord intervenu le 24 janvier entre les caisses d'assurance-maladie et le syndicat MG-France ou des annonces des ministres concernant la démographie, la sécurité ou les astreintes. « Nous poursuivons un double but, explique le président du CNPS, le Dr Jacques Reignault, obtenir une remise à niveau général de nos honoraires dans le cadre d'un partenariat conventionnel rénové avec les caisses d'assurance-maladie. »
« L'objectif est d'obtenir par la pression de la rue que le gouvernement revoie sa position et que l'on se mette tous autour d'une table pour trouver un accord global sur l'ensemble de ces sujets », explique le Dr Dinorino Cabrera, président du Syndicat des médecins libéraux (SML).
En effet, la multiplication, ces derniers jours, des gestes de bonne volonté de Bernard Kouchner et d'Elisabeth Guigou, est présentée comme une « tentative de déstabilisation ».
Elle n'est pas parvenue à les convaincre du bien-fondé de leurs intentions et les praticiens continuent de réclamer une réouverture globale des négociations. Selon le Dr Cabrera, essayer de contourner les syndicats majoritaires chez les médecins « ne sert à rien car, contrairement à ce qu'ils croient, il n'y a pas de déphasage entre la CSMF, le SML et la base ».
« Miser sur le pourrissement du mouvement est une erreur fondamentale », répète de son côté le porte-parole de la coordination nationale. Car, à l'approche des élections et s'ils n'étaient pas entendus, les leaders de ce mouvement affirment qu'ils n'hésiteront pas à occuper le terrain politique.
La coordination nationale qui se réunira demain, à la veille de cette manifestation, pour débattre de la suite du conflit, envisage déjà d'organiser une semaine de grève totale des soins juste avant l'élection présidentielle et d'aller interpeller dans leurs circonscriptions les députés de la majorité plurielle qui se représentent au suffrages des électeurs. « Parmi ses cinq grandes priorités, le candidat Jospin a oublié la santé. Pour l'instant, il s'envole dans les sondages, on va se charger de le faire atterrir », s'emporte le Dr Hamon. Plus sobrement, le président du Syndicat des médecins libéraux confirme que les médecins « auront leur place dans le débat électoral. Si les années Juppé ont traumatisé les médecins, les années Jospin n'ont pas été meilleures ».
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