Près de 6 mois après les mesures « coercitives » de l’Ordre pour lutter contre les déserts médicaux, l’ANEMF fait à son tour des propositions. Dans un document de 15 pages, l’association nationale des étudiants en médecine de France avance 10 mesures concrètes combinant des actions d’urgences et des réformes plus structurelles parmi lesquelles figurent quelques idées originales.
L’initiative intervient alors que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, doit annoncer le 29 novembre son plan de lutte contre les déserts médicaux.
Dans son « plan démographie médicale », l’ANEMF propose de s’attaquer à la perte de « temps médical », causée par les multiples tracasseries administratives auxquelles sont confrontées les médecins et qui conduit à réduire leur disponibilité pour les patients. L’association estime par ailleurs que les solutions passeront par une meilleure prise en compte des souhaits des futurs professionnels : le travail en équipe doit être privilégié avec le souci d’améliorer la qualité de vie des praticiens. Enfin, le système de soin doit être refondu et évoluer vers une prise en charge pluridisciplinaire des patients.
Les 10 mesures de l’ANEMF
1. La médecine délocalisée avec les VSPP
L’idée est de faciliter l’exercice des professionnels dans des zones qu’ils n’habitent pas en mettant à leur disposition des véhicules équipés de matériel médical (des VSPP : véhicules de santé pluriprofessionnels). Autre piste : mettre en place des cabinets ou des maisons de santé pluridisciplinaires appartenant aux collectivités territoriales.
2. Un contrat d’incitation senior à l’exercice libéral
Il s’agit d’une mesure incitative à destination des médecins hospitaliers seniors prêts à s’installer dans une zone sous-médicalisée. Ce contrat prévoit des avantages financiers, des aides logistiques, et la garantie de reprise du cabinet à la retraite.
3. Allègement des formalités administratives
L’ANEMF suggère de mener une enquête auprès des médecins pour identifier les tâches administratives les plus chronophages.
4. Un bureau de coordination régionale au sein des ARS
Cette structure aurait pour mission de coordonner la mise enlace des mesures incitatives de l’ensemble des partenaires.
5. Modifier le contrat d’engagement de service public
L’ANEMF suggère d’adapter le CESP en permettant aux internes en fin de cursus de percevoir le montant cumulé de l’aide financière (1200 euros brut par mois) pour acheter leur futur cabinet ou financer son fonctionnement paiement d’une secrétaire…). Elle suggère également de mettre en place un tutorat, sur la base du volontariat. Les internes qui le souhaitent pourraient bénéficier d’un tuteur qui les formerait à la médecine libérale. Ils pourrait également s’engager à remplacer leur tuteur, là encore sans aucune obligation, lors de son départ à la retraite.
6. La télémédecine
Cette technique a la faveur de l’ANEMF qui y voit une solution pour désenclaver certaines zones trop éloignées. Les jeunes demandent la création d’une commission de coordination nationale de la télémédecine chargée de favoriser son développement.
7. Revaloriser la médecine générale
Il s’agit de redonner de l’attrait à cette discipline en créant une filière universitaire de médecine générale. L’ANEMF suggère d’introduire un enseignement théorique et pratique dès les premiers cycles du cursus et de faciliter la mise en place de stages de médecine générale au cours du deuxième cycle.
8. Délégation de compétence et créations de nouveaux métiers
L’ANEMF veut s’attaquer à la rationalisation du système de santé. Elle suggère de lancer une réflexion sur les délégations de compétences entre le médecin et les autres professionnels de santé. L’objectif est de libérer du temps médical et d’améliorer le suivi des patients, notamment atteints de maladies chroniques. Dans ce schéma, le médecin deviendrait le coordonnateur du réseau dans lequel il a délégué certaines tâches.
9. Miser sur l’interdisciplinarité
Cette mesure correspond au souhait des jeunes de ne plus avoir un exercice isolé, en recourant par exemple aux maisons de santé pluridisciplinaires, et à la nécessité de refondre le système de santé. Cela impose que les futurs médecins soient mieux préparer au travail en équipe. L’ANEMF souhaiterait que chaque étudiant puisse suivre des formations sur les autres professionnels de santé pour les sensibiliser aux autres disciplines, et à leurs champs de compétences.
10. Découvrir tous les modes d’exercices
« Il est nécessaire de casser l’hospitalo-centrisme de la formation médicale » écrit l’ANEMF dans son plan. Pour cela, l’association suggère la mise en place de stages dans tous les modes d’exercice pour les étudiants en médecine, notamment pour leur faire découvrir la médecine générale. Elle propose également la création durant l’internat d’un séminaire d'intégration professionnel.
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