Les Journées de l'Orthodontie, qui se tiendront à Paris les 10-11-12 novembre 2001, sont le rendez-vous nécessaire d'une spécialité en constante évolution, quoiqu'assez méconnue du grand public.
Depuis 1998, ces journées rassemblent les nombreuses sociétés scientifiques orthodontiques et, cette année, l'accent sera mis sur la génétique, les nouveaux matériaux, et l'orthodontie de l'adulte. Mais l'enfant n'est pas oublié, et les « petits » problèmes courants seront abordés.
Il existe un motif de consultation assez fréquent : le cheveu sur la langue. Petit défaut charmant, le sygmatisme, c'est son nom, n'inquiète guère les parents qui ne consultent que rarement ou tardivement pour y remédier. Un zézaiement, un schlintement se produisent à l'énonciation de certains sons, du fait de l'interposition anormale de la langue, trop difficile à contrôler.
Trop grosse, trop large ou trop haute
En effet, constituée de dix-sept muscles, la langue peut être trop grosse, trop large, ou trop haut située dans la bouche. Elle est le centre de la croissance faciale de l'enfant, car on pense que le massif facial s'organise autour de la bouche. Les mécanismes de succion et de déglutition, qui existent dès la vie ftale, influencent, du fait de l'action de la langue, la position de la mâchoire. Pendant les premiers mois de la vie, la langue est basse et se situe au contact des joues et des lèvres. Puis elle s'élève au moment où l'enfant redresse son buste. Elle se trouve en concurrence avec les dents qui apparaissent progressivement, alors que la succion fait place à la mastication. Si la langue garde des appuis du type déglutition, des troubles de la parole peuvent alors survenir, la langue gardant sa position primaire, basse au contact des joues. Des béances dentaires sont possibles, car la langue fait obstacle à leur pousse harmonieuse.
Aussi faut-il se préoccuper assez tôt des malpositions, pour éviter l'ancrage des défauts. On peut commencer une rééducation orthophonique dès l'âge de trois ans et demi, mais la plupart du temps, elle commence vers six-sept ans. Elle consiste à faire prononcer les « n », les « d », les « t » en plaçant la langue sur l'arcade et non sur le palais. De même, les « se » et « ze » doivent se prononcer avec la langue à distance des dents. En l'absence de prise en charge, un retentissement psychologique est parfois observé (moqueries à l'école), avec nécessité de recourir à un psychologue ou un psychiatre.
Autre motif fréquent d'inquiétude : le frein lingual et sa brièveté. La langue reste alors mécaniquement en position basse, ce qui entraîne un phénomène de pression sur la mâchoire inférieure et un développement anormal de celle-ci en avant : c'est la prognathisme. Le palais ne se développe pas correctement, les dents du bas s'écartent et adoptent des positions anormales. Que faire ? En premier lieu, adopter une attitude préventive, par le biais d'un examen dès le très jeune âge. Le test de dépistage est simple : il consiste à ouvrir la bouche de quatre centimètres et à mettre la pointe de la langue sur le palais. Si cette manuvre se révèle impossible ou douloureuse, il convient d'entamer un traitement. La kinésithérapie vise à allonger le frein grâce à des exercices de claquement de langue, et des élongations (mettre la langue sur le palais et ouvrir la bouche très grande, dix fois de suite). Cette rééducation dure environ deux mois à raison d'une séance par semaine et des exercices faits à la maison. Mais lorsque cela ne suffit pas (en cas de frein très court), il faut recourir à une section chirurgicale sous anesthésie locale, suivie d'une kinésithérapie pour éviter des brides cicatricielles.
Redonner la sensation de la langue
On dispose également de la technique développée par le Dr Bruno Bonnet, l'enveloppe linguale. Elle consiste en une coquille en résine qui s'enfile sur la langue, le but étant de redonner la sensation de la langue à l'enfant. Celui-ci décroche la langue des dents et des lèvres. L'enveloppe se porte dès l'âge de quatre ans, la nuit et trois fois trois minutes le jour, sur une période de deux ans. Pendant ce laps de temps, une surveillance orthodontique vérifie la croissance harmonieuse de la bouche et du squelette.
On voit donc que l'orthodontie s'intéresse à des problèmes bien plus variés que les appareils dentaires complexes auxquels on assimile souvent la discipline. On sait que l'évolution humaine va vers un rétrécissement de la mâchoire, et que l'homme moderne a une bouche plus étroite que ses ancêtres Cro-Magnon. Aussi faut-il suivre l'évolution de la croissance faciale des enfants pour éviter des problèmes dentaires sérieux à l'âge adulte.
Paris. Journées de l'orthodontie, Porte Maillot à Paris. 10-11-12 novembre 2001.
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