Seulement 50 % des généralistes parisiens pratiquent la télétransmission. Quelle est la réponse de la Cpam de Paris ?
Il y a trente points d’écart entre le nombre de professionnels de santé en province qui télétransmettent et ceux qui sont à Paris. On est ainsi à 50 % des médecins. C’est une réalité qui est compliquée pour nous, bien sûr, mais surtout pour les assurés. Parce que cela veut dire que le nombre de feuilles de soins papier est extrêmement important. Et on sait que le traitement d’une feuille papier pour la collectivité, représente sept fois le coût d’une FSE ! Sans parler du délai. Avec une FSE, il est de sept jours au maximum. Le papier, est par définition fluctuant, mais la moyenne de traitement est de vingt-cinq/vingt-huit jours environ. A l’arrivée, il s’agit donc davantage d’un problème d’accès aux soins que d’un seul problème de gestion technique.
Comment tentez-vous de remédier à ces réticences ?
Tout d’abord, nous avons mis en place un service (*) dont le seul travail est d’accompagner les médecins et les professionnels de santé dans l’installation de leur informatique. J’ai vingt personnes qui, en permanence, s’occupent d’être en contact avec les médecins pour leur expliquer, les convaincre, les aider à démarrer… Ensuite, nous avons une autre équipe qui prend le relais pour faire le point sur des difficultés éventuelles et la manière d’y remédier.
Et pourtant cela ne décolle pas…
En effet, nous avons fait réaliser une enquête qualitative pour essayer d’expliquer ce phénomène. Elle a dressé quatre typologies de comportements. La première concerne ceux qui sont dogmatiquement opposés, non pas à Vitale, mais au système administratif et son organisation. La deuxième est réfractaire à la télétransmission parce que les médecins en question considèrent que Vitale est liberticide dans la mesure où cela donne des informations et qu’à force de les recouper, les patients ne sont plus protégés. Ce qui est une absurdité puisque les informations sont les mêmes que sur une feuille papier. Mais au moins, là, nous pouvons opposer des arguments et tenter de convaincre.
La troisième catégorie est constituée par les professionnels qui sont déjà très équipés informatiquement et qui craignent que l’adjonction d’un module particulier qu’ils ne maîtrisent pas personnellement ne « plombe » leur système. Là-aussi, nous pouvons opposer des arguments techniques.
Et le dernier groupe, ce sont les professionnels de santé qui ont fait la démarche, qui sont allés parfois jusqu’à acheter le matériel, mais qui n’ont pas la disponibilité pour l’installer et le maîtriser. C’est pour ceux-là que notre service d’accompagnement est particulièrement important. Voici pour les différents profils, même si je ne connais pas l’importance des uns par rapport aux autres.
Etes-vous favorable à l’instauration d’une taxe pour ceux qui refusent de télétransmettre ?
La télétransmission est obligatoire de par la loi depuis les ordonnances Juppé de 1996. Nous sommes en 2009. En France, aujourd’hui, 80 % des médecins télétransmettent ; à Paris, il y en
a 50 %, même si cela concerne en majorité les spécialistes.
Nous, pendant ce temps, nous ne sommes pas restés les bras croisés. Nous avons investi, engagé du personnel pour répondre aux difficultés des médecins, honnêtement. Alors si les médecins sont taxés demain… eh bien, cela nous fera un levier supplémentaire pour les convaincre...
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