Lorsque Nicolas Sarkozy a lancé l’idée d’une TVA sociale le soir du 31 décembre, la surprise a été totale. D’abord parce que le Président était jusque-là peu disert sur la question du financement de la Sécu : tout juste avait-il annoncé un Haut conseil du financement de la protection sociale dont les missions restaient à définir. Ensuite, parce que ni l’intensité de la crise, ni la proximité des élections ne semblaient indiquées pour un vaste chamboulement des règles du jeu. La TVA sociale, cela reste un mauvais souvenir pour la droite, persuadée que son évocation a gâché la fête lors des législatives de juin 2007. Depuis lors, Nicolas Sarkozy prend d’ailleurs soin de ne jamais l’appeler par son nom, préférant donner dans la périphrase. Un homme averti en vaut deux...
Dans l’interview qu’il nous a accordée cette semaine, le chef de l’Etat persiste et signe, affichant sa « détermination à agir rapidement pour diminuer le coût du travail dans notre pays ». La réforme aura donc lieu avant la présidentielle. Le pari peut paraître risqué. Mais aussi, pourquoi pas, gagnant. Politiquement, il relègue en effet les autres candidats à la remorque du président sortant. Au moment où Nicolas Sarkozy reprend l’initiative, François Hollande semble reculer sur son projet de fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu, qui faisait mentir les critiques de mollesse à son égard. Sarkozy marque aussi des points sur Bayrou (qui engrange les ralliements ces derniers temps), car la TVA sociale plaît aux centristes de l’UMP.
Sur le sujet, le président surfe aussi sur un assez large consensus. Tout le monde s’accorde à dire que les recettes de la Sécu sont insuffisantes, qu’en France le travail est trop taxé et que nos entreprises sont victimes du dumping social des pays émergents. Il fallait bouger les curseurs. Sarkozy veut le faire et retrouve ainsi les accents de l’homme d’action qui ont fait son élection en 2007. Reste à prouver bien sûr que l’enjeu en vaut vraiment la chandelle. Et que la TVA sociale ne provoquera ni inflation, ni creusement des inégalités, tout en nous sortant de la récession... On pourrait espérer aussi -il n’est pas interdit de rêver !- que ce chantier permette à terme de dégager des moyens nouveaux pour donner un peu d’oxygène à la médecine générale. Après tout n’est-ce pas aussi une des priorités affichées par le président, qui vous assigne « une place centrale » ?
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature