Ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg a été condamné à payer un euro de dommages-intérêts aux dirigeants de SeaFrance qu’il avait traités d’escrocs. Doit-il pour autant démissionner du gouvernement pour se mettre en conformité avec la charte déontologique que tous les ministres ont signée ?
LA RÉPONSE est non. Non, parce qu’il s’agit d’une pécadille (dont il est d’ailleurs coutumier) et que procéder à un remaniement gouvernemental ou briser sa carrière politique pour si peu reviendrait à appliquer une décision disproportionnée, comme l’ont fait savoir le parti socialiste et le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. La question, donc, ne porte pas sur le comportement de M. Montebourg, sur la condamnation en 1997, pour favoritisme, de M. Ayrault, ou sur la condamnation de Christiane Taubira, ministre de la Justice, pour licenciement abusif. Elle concerne le ridicule croissant auquel la gauche s’expose depuis que le président Hollande a décidé de nimber ses ministres de sainteté. Déjà, il avait prévu que ses ministres battus aux prochaines élections devraient démissionner. Ils ont trouvé la parade : ceux qui étaient menacés ont décidé de ne pas se présenter. Est-ce là la meilleure manière de se conformer aux prescriptions éthiques du chef de l’État ?
On ne dira donc pas que les Ayrault, Taubira et Montebourg ont commis de graves péchés, mais la façon expéditive par laquelle le PS les absout a de quoi agacer, quand on se souvient avec quel acharnement il a poursuivi de ses cris, de ses jugements et de ses quolibets les ministres sarkozystes empêtrés dans quelque affaire. Aussi bien, voilà que la droite vengeresse accable M. Montebourg et le somme de partir. L’alternance est mère de tous les paradoxes. C’est la gauche qui invente le politicien irréprochable, c’est la droite qui se sert de l’invention pour mieux s’en prendre à la gauche. Les socialistes peuvent toujours dire que l’opposition ne risque pas, pour sa part, d’appliquer une charte déontologique ; s’ils font des exceptions à la règle, l’éthique politique n’aura pas beaucoup avancé.
Le sujet mérite-t-il d’être médité ? Oui et non à la fois. Oui, parce qu’il souligne la forte capacité de la gauche à théoriser et à viser l’idéal, sans toutefois qu’elle imagine les chausses-trapes qu’elle va rencontrer en chemin. Non, parce que ces débats moraux sont l’écume des choses. Tout au plus souhaite-t-on que M. Montebourg se corrige lui-même et cesse de lancer des insultes dictées par son cœur généreux mais sans rapport, souvent, avec la vérité. S’il parvient à limiter la casse sociale et maintenir quelques usines en marche, il obtiendra toute notre gratitude. Il n’y réussira pas en abreuvant d’injures des patrons qu’il considère comme des voyous mais sont seulement aux abois, dans la plupart des cas.
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